La magie des idées


Souvent, on me demande d’où vient mon inspiration, comment je fais pour écrire, pour me renouveler, pour avoir toujours des nouvelles idées. On me demande d’où elles viennent, mes idées. 

Je réponds toujours la même phrase : elles surgissent dans tout. N’importe où, n’importe quand, n’importe comment. Au milieu d’une conversation, d’un film, d’un poème. Au milieu de la journée, de la foule, dans le calme du matin quand le jour se lève, la nuit quand le silence remplace le brouhaha de la ville. 

Le plus compliqué, avec les idées, est qu’il faut les capturer et ne pas les laisser filer. Il faut être réactif mais discret. Faire un pas de coté. Observer. Ouvrir les yeux. Rester en éveil. Se laisser envahir par l’émotion. Accueillir la vague.

Puis, retenir. Vite. Retenir ce qui m’émeut, me bouscule ou me secoue. Retenir le sensible, le merveilleux et l’étonnement. Retenir la tristesse, la beauté et la joie. Retenir un regard, une parole, une lumière.

L’inspiration s’en va, main dans la main, avec ma créativité, quand je ne parviens plus à m’étonner et à vivre. C’est ma façon, d’adulte, d’être présente au monde.

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La première nuit


Après avoir réservé le vol pour Ibiza et le van, je me suis demandé ce que l’on pourrait bien y faire à début avril quand on n’a pas mis les pieds dans une discothèque depuis plus de dix ans et que l’on déteste la musique forte. 

Puis, les questions sont arrivées. Est-ce si facile à conduire comme mon papa me le répète ? A-t-on froid la nuit dans un van ? Et si j’ai peur ? Et si j’ai envie de faire pipi ? Et si je suis malade ? Mais, d’ailleurs, on se lave comment quand il ne fait pas encore si chaud ? 

Alors, pour me rassurer, j’ai préparé un programme pour la première fois de ma vie. J’ai noté les paysages, les horizons et les kilomètres entre chaque étape. J’ai lu, regardé et observé Ibiza depuis mon écran d’ordinateur. 
Et surtout, surtout, je me suis promis de ne pas m’en vouloir : si j’avais peur, si j’avais froid ou si je trouvais la vie en van trop inconfortable ; je pourrais réserver un hôtel et cela ne serait pas un drame. Cela ne ferait pas de moi une personne nulle, ou moins capable, non plus d’ailleurs. 

Pour la première nuit, j’avais noté que le parc naturel de Ses Salines était seulement à quelques kilomètres de la vieille ville d’Ibiza et de l’aéroport.

J’avais alors pensé que je pourrais y dormir. Cette idée m’avait rendue infiniment heureuse. C’était donc ça la magie d’une maison roulante : avoir le luxe de choisir, chaque jour, chaque nuit, les toutes premières et les toutes dernières images qui apparaîtront sous mes yeux.

Et pour ce tout premier matin à Ibiza, j’avais décidé que cela serait cette vue-là. Quand j’ai pris la photographie dimanche ; j’ai pensé que parfois, dans la vie, la réalité était bien plus chouette, simple et surprenante que nos rêves.

Et que ça, c’était quand même une merveilleuse nouvelle. 

PS : j’ai eu froid, j’ai eu pipi la nuit, j’ai calé, j’ai eu peur de tomber dans la mer lors d’un démarrage en côte, j’ai pensé que j’arriverais jamais à me garer dans une place pour six voitures, j’ai eu soudain très chaud. Mais alors, qu’est-ce-que c’était chouette, qu’est-ce que c’était beau, qu’est-ce que c’était doux.

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Cinq ans


Cinq ans. Cinq ans que je n’avais pas pris l’avion. Cinq ans que je n’avais pas fermé les yeux en sachant que je me réveillerai, quelques heures plus tard, sur une terre inconnue.

Cinq ans. Cinq ans, c’est long. Cinq ans et le Covid. Cinq ans et la terre qui brule. Cinq ans et Les mots à l’affiche. Cinq ans et une rupture qui fracasse mes croyances. J’étais à l’aube de mes trente ans. Boum. Les rêves de môme. Boum. Les plans sur la comète et le tableau parfait. Boum. Cinq ans d’oubli et de fêtes. Cinq ans de passion, d’addictions et de fuite.

Et puis l’impulsion. C’est l’hiver. Le coeur est glacé. Dehors, ll fait soleil. Sur le pointe des pieds, ouvrir la fenêtre. Respirer. S’autoriser, enfin, à respirer à nouveau. Soudain, les rêves qui semblent s’éveiller, et la petite vie qui reprend, plus forte, ses droits.

Cinq ans, c’est long. Cinq ans. Soixante mois. Deux cent soixante semaines. Cinq ans à oublier l’attente, l’impatience et la vue depuis le hublot.
Cinq ans à apprivoiser, au bord de l’abîme ses envies et ses peurs. Cinq ans à oublier. Cinq années à s’oublier, putain.

Dans onze jours, j’aurai trente-cinq ans et le désir ardent d’exister et de vivre.

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