Depuis des semaines, je range. J’organise. Je jette, je donne. J’ordonne. Je fais des dossiers. J’essaie d’apprivoiser mon bordel et mes incertitudes. L’idée me fait sourire quand je l’écris. Pour la première fois en dix ans, rien ne dépasse dans la bibliothèque. Ni dans la cuisine, ni dans les placards, ni même dans les dossiers de mon ordinateur.
Tout est propre, à sa place. Et même s’il est encore bien ancré à l’intérieur, mon joyeux bordel semble s’être évaporé quand je regarde mon appartement.
Les journées douces d’hiver, je coupe le chauffage. J’enfile un gros pull et j’ouvre les fenêtres. J’ai besoin de silence, d’espace et d’air. J’enlace ma solitude. Je vais marcher. Souvent seule, parfois avec Holly. Plus les saisons défilent, plus Holly préfère le canapé à nos longues balades. En automne, elle aura douze ans.
J’observe le ciel bleu. Je respire. Je choisis les trottoirs au soleil. Je prends des photographies. J’écris à nouveau. J’écris les doutes, les peurs et mes incohérences. J’écris pour y mettre de la distance. J’écris pour calmer mes angoisses.
J’écris pour tenter de retrouver mon souffle.
Ce n’était pas arrivé depuis des années. Je ressens le désir de conserver une trace de ces émotions passagères. De jouer avec. De les modeler, de les transcender. Je ne sais pas quelle forme cela prendra encore.
Depuis le 1er janvier, je prends une photographie par jour.
Je trouve cela fabuleux de retrouver le chemin et la connexion avec ma créativité. Avec cette pulsion, si singulière, de vie.
Je sens que je mue. Je sais que je suis en transition. Je vais bien. Et même si c’est parfois inconfortable, je crois que c’est ça finalement grandir et devenir adulte : sentir le poids des responsabilités et apprendre à y faire doucement face. S’entourer de douceur. S’organiser plutôt que de se laisser couler, plutôt que de faire l’éloge de la fuite.
Apprendre à nager, à flotter et à regarder avec calme l’horizon bleu.