Six mois de toi,


Mon amour, mon trésor, tu as eu six mois aujourd’hui. J’ai pensé que c’était une belle date pour retrouver le chemin des mots et te les offrir. Pour, peut-être, me retrouver aussi.

Depuis ta naissance, j’ai tout oublié. De dormir, d’écrire, de créer. De te photographier. J’ai perdu la notion du temps. J’ai plongé mon regard dans tes grands yeux et j’ai tout oublié. Je me suis oubliée. D’abord pour te faire naître. Puis, pour te rencontrer, te protéger et te faire vivre.

Tu as envoyé valser tous mes doutes. Toi, et ta douceur. Toi et son sourire ravageur. Tu m’as offert l’évidence de l’amour. Celui qui emporte, saisit, transforme. Celui qui vous pousse à vous dépasser.
A ta naissance, j’ai oublié mes contours. Mon ventre s’est dégonflé et je suis devenue floue de toi. J’ai oublié le silence. J’ai oublié la légèreté de mes bras sans ta présence pour te bercer. J’ai oublié le repos des nuits et la légèreté des vendredis soirs.

Mon amour, mon trésor, tu seras, toujours, mon minuscule. Six mois, déjà, que tu existes, que tu fais partie des vivants. Six mois à te protéger, à tout faire pour rendre tes journées douces et joyeuses.
Depuis quelques jours, tu parviens à te déplacer en rampant. On t’observe, avec ton père, grandir. On est si fiers d’être tes parents. On t’observe te déplacer, sans nous, partir à la conquête du monde. Sur ton passage, tu nous éclabousses de ta joie et de tes fous rires.

Tu es notre plus beau spectacle, ma plus belle aventure.

Tous les deux, on navigue entre deux rives. On a tout à créer, tout à apprendre, tout à vivre.
J’apprivoise ce temps flou, cet espace-temps hors du monde. Je découvre les journées sans début ni fin. Les nuits en tête à peau où ta bouche tâtonne à la recherche de mon sein. Mes mains qui te bercent, qui te protègent, qui t’aiment. Je fais un pas de côté. Je tords le cou à la productivité. Je me découvre sereine, instinctive, animale. J’oublie les questions. J’oublie les injonctions et les normes. J’oublie et je plonge.

Nos journées sont joyeuses, singulières, vivantes. Tes doudous colorés parsemés sur le parquet, Henri Dès et ta petite voix radieuses dès ton réveil. On danse, on chante, on explore. De tes doigts, tu découvres des saveurs. De tes yeux, tu pétilles. Moi, je te dévore.

Avec toi, je me love dans la marge. Je tâtonne. J’apprends, je t’apprends. Tu m’apprends. Je découvre l’évidence d’être ta maman.

Mon amour, mon trésor, tu as six mois aujourd’hui et tu es blotti contre moi. Tu es encore minuscule et fragile. Je te caresse les cheveux, j’écoute ta respiration. J’écris ces mots en tentant de ne pas te réveiller.

Notre histoire ne fait que commencer. Je sais que, déjà, demain, la maison sera à nouveau vide de tes babillages et de tes cris. Les nuits sans sommeil seront oubliées. Tu iras à l’école, tu questionneras le monde. L’appartement sera un peu plus rangé. Tu auras des amis, des rêves et des idées. Tu auras une vie que tu me raconteras, le regard rieur, le soir quand on se retrouvera. Tu garderas, sur le chemin, quelques précieux secrets.
Moi aussi, j’aurais à nouveau un quotidien séparé du tien et du temps pour travailler et écrire. Je penserai, parfois, avec nostalgie à ce temps des langes et des câlins sans fin. Ton corps blotti contre le mien, ta main sur ma joue, resteront toujours un fabuleux trésor.

Mon amour, mon trésor, ne grandis pas trop vite. Savourons ces heures douces. C’est si beau d’être ta maman.

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La première tétée


La première tétée, ton corps à peine sorti de mien.
Une respiration, une caresse. 

Ta bouche maladroite qui cherche mon sein. 
Tes doigts minuscules sur ma poitrine, mes mains qui te découvrent et te cajolent.
Ta fragilité contre mon corps fort et puissant. 

Peau à peau, coeur contre coeur, nous ne faisons qu’un.
Connectés, liés, soudés à jamais. 

Dans le silence, ton regard qui croise le mien. 
Ton couinement de satisfaction. 

Allaiter, partout, tout le temps. 
Le matin, le midi, le soir. La nuit. 

La tétée qui console, qui rassure, qui panse. 
Celle contre la douleur, la fatigue et le chagrin. 
Celle pour grandir, pour apaiser, pour vivre.
Celle pour se retrouver.

La tétée qui fédère les mères depuis la nuit des temps.
L’allaitement comme un héritage, un don de soi.

La dernière tétée, promesse d’une vie tendre devant toi.

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Maternité et entreprenariat


C’est la chose la plus complexe que j’ai à gérer avec la maternité : la gestion de mon temps et de mes priorités.
Le temps pour m’occuper de mon si petit et fragile bébé, le temps pour gérer mon entreprise – encore si petite et fragile. Le temps pour ma famille, mon amoureux, mes amis. Le temps pour m’occuper de la maison. 
Et, je n’ose plus vraiment l’écrire : le temps pour moi. Pour créer, pour écrire, pour prendre soin de moi. 

Je n’ai jamais admiré la course à la productivité et à la performance. Je n’ai jamais cherché à faire, ou produire, plus. Je souhaite bien faire. Je privilégie la qualité à la quantité. J’ai peu d’amis, mais ce sont évidemment les meilleurs. Je préfère flâner à courir. Acheter peu mais des produits de qualité. Observer le ciel qu’enchainer les rendez-vous. 

Mon unique ambition est d’être heureuse. Je crois que c’est ce qui devrait toujours se cacher derrière l’expression « réussir sa vie ». Je crois que le temps est ce que l’on possède de plus précieux. Je crois aussi que les premières années auprès d’un nourrisson sont souvent les plus intenses, précieuses justement et vertigineuses d’une vie. 

Alors, je jongle. Je teste. Je me teste, je me découvre. J’ai tout à apprendre.
J’essaie de trouver mes marques. J’essaie de me créer de nouveaux repères. J’essaie. Je m’émerveille chaque matin de la douceur de mon bébé. Il m’apprend la lenteur et la patience. J’allaite. Je le regarde. J’essaie de ne pas regarder l’heure. De savourer avec lui ces moments qui n’appartiennent qu’à nous. 

J’essaie de ne pas m’en vouloir de ne pas être performante. De bercer mon bébé plutôt que de boucler la collection de janvier. J’essaie de dormir malgré la pile de choses à faire. Je me mordille les lèvres quand je vois une faute, un mail que j’ai oublié. Je m’en veux, et je mentirai si j’écrivais le contraire.

J’essaie de me recentrer et de me rappeler que dans cinq, dix, ou vingt ans, ce n’est pas une faute que je pourrais regretter, mais le temps manqué avec mon fils. J’essaie de faire de mon mieux et c’est beaucoup. 

Je vous souhaite un week-end au ralenti

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