Et puis, il y a eu ce Noël si particulier.
Ce Noël où l’on sait déjà que le prochain sera différent. Il y a la fatigue de décembre qui colle au cœur, et des affiches et des mots qui débordent encore sur le bureau. La porte est fermée.
Le sapin brille et le menu est gribouillé-raturé sur un bout de papier. La buche est réservée, les courses faites.
Le matin, tôt, la table est déjà dressée. Les cadeaux emballés avec soin ont été glissés sous le sapin.
Il reste l’attente.
Chaque veille de Noël, je me demande à quoi ressemble Noël chez les autres. Je me demande si beaucoup de grandes personnes ont préservé la magie et l’émerveillement sans que la vie vienne les bousculer et écorcher.
Est-on nombreux à vivre un Noël qui ressemble à celui que l’on voit dans les films ? Combien sommes-nous à rêver d’un Noël qui n’existe pas ? Combien d’entre nous courront après un idéal qui finit, souvent, par nous décevoir ? Pourquoi Noël catalyse-t-il autant de joie, d’espoir que de chagrin et de solitude ?
Chaque Noël, j’ai une pensée pour les personnes seules et celles pour qui Noël représente plus de stress que d’amour. Je pense aux personnes malades qui ne pourront se déplacer, à celles qui travaillent et sont loin de leurs proches.
Je pense à la solitude que l’on peut ressentir quand on observe, sur Instagram, les familles qui semblent si parfaites dans un décor qui semble tout aussi parfait. Je pense à ce sentiment d’imperfection et de comparaison qui surgit et qui déstabilise.
L’année dernière, je n’ai pas fêté Noël. On n’a pas fêté Noël avec ma famille. C’était la première année que je ne célébrais pas Noël. On était fatigués par le mois de décembre. On était comme souvent, après des semaines trop intenses, enrhumés et épuisés. On avait puisé nos dernières forces et on s’était promis de célébrer le Nouvel An, ensemble, quelques jours plus tard.
À la nuit tombée, je me souviens avoir observé les familles des autres sur mon téléphone, et de ce sentiment de solitude si inconfortable qui m’avait secouée.
Alors, cette année, j’ai décidé de tout organiser. Je voulais un Noël en famille et joyeux. Je voulais que l’on soit réunis. Je voulais mettre à nouveau les petits plats dans les grands. Je voulais des plats et des lumières qui réchauffent le cœur. Je voulais un sapin qui brille et des cadeaux qui surprennent et rappellent notre complicité.
Je voulais de l’amour et ma famille auprès de moi.
Ce 24 décembre, je n’ai pas touché à mon téléphone. Je n’ai pas regardé Instagram. Je ne me suis pas comparée. J’ai juste pris ces deux photographies pour me souvenir de ce Noël-là.
Et j’ai pensé que si mon Noël était loin d’être parfait, il était doux et en famille ; et que j’avais une chance folle d’être aimée et entourée. C’était bien là l’essentiel.
Je fais partie de ces adultes qui ont gardés au fond d’eux la magie de Noël, celle que je ressentais enfant. Je rêve d’un Noël comme dans les téléfilms niés que j’aime tant. Elle m’envahit début Décembre, je suis sur-excitée, impatiente et puis la triste réalité me rattrape. Il y a toujours des galères alors parfois, cette magie disparait quelque temps mais revient le soir du réveillon et le 25, pour deux journées qui passent beaucoup trop vite. Ceci dit, j’espère transmettre cette magie à ma fille.
Depuis l’arrivée de notre fille, Noël est différent. Pendant presque 8 ans, on le faisait séparément : mon compagnon chez sa famille pour le réveillon et moi, dans la mienne puis on faisait Noël tous les deux le 25 au soir.
Depuis 2022, on le fait ensemble et juste ensemble. Le 24, nous sommes tous les trois (ou plutôt deux car notre fille dort) et c’est petit repas devant « Maman, j’ai raté l’avion » . Le 25, on fait le tour de la famille. Simple, mais efficace, on profite du moment présent tous ensemble et c’est le plus important.
J’espère que tu as passé une belle fin d’année.
Pauline