Je me souviens m’être inscrite aux journées inspirantes comme on saute dans le vide en se promettant, de soi à soi, que tout irait bien. Qu’il suffirait d’écouter, comme toujours, mon intuition.
Je suis timide et réservée. Et même si malgré les années, j’apprivoise tout doucement ma confiance en moi ; elle reste bancale. Je le sais. Je le sais et j’ai envie aussi de grandir. De m’apaiser et de croire en majuscules. D’aller au delà de mes peurs. Je ressens ce besoin-là pour continuer à avancer, pour continuer à m’émerveiller et m’épanouir. Pour monter sur la marche supérieure et observer l’horizon avec quelques centimètres supplémentaires. Alors, j’ai fait ce que je sais faire à chaque fois que la peur me saisit : j’ai fermé les yeux, j’ai respiré et j’ai sauté. Je n’ai pas cédé à la peur.
Je suis tombée nez-à-nez face aux journées inspirantes un jeudi de janvier. En lisant les mots de Clotilde et Delphine, j’ai reconnu mes limites et ce besoin de me faire aider par des personnes qui partagent mes valeurs. Je me suis sentie comprise et rassurée. Investir aussi, d’une certaine façon, dans mon entreprise souligne la valeur que je lui porte. Les podcasts de Clotilde me portent et m’apaisent depuis des mois – écoutez-les, vraiment, ils sont merveilleux, Clotilde est merveilleuse.
Alors, ce soir-là, j’ai répondu aux questions et j’ai envoyé ma candidature. Je ne me souviens plus ni vraiment des questions ni de mes réponses. J’ai répondu, j’avais un peu peur. Alors, j’ai respiré, j’ai appuyé sur envoyer et j’ai fermé l’ordinateur. Une semaine plus tard, je recevais une réponse positive : le même jour où la vie me réservait une bien moins jolie surprise.
Alors, je me suis dit que c’était sûrement une histoire d’équilibre et d’étoiles. Que cela ne pouvait être qu’un signe, et que, oui, tout irait bien. Que c’était l’heure d’y croire, de se donner les moyens, et de lever les yeux vers le ciel. J’ai envoyé un mail de confirmation et j’ai souri aux belles surprises qu’offrent la vie.
Durant le vol, le jour s’endormait et la lumière éclatait. C’était beau et doux. Il y avait du rose du jaune de l’orange. Il y avait de l’or, quelque chose de précieux et d’apaisant dans ce paysage-là. La nature m’enveloppait et me berçait.
A mon arrivée, je suis allée boire un chocolat chaud dans un de ces cafés typiquement parisien. Un serveur a eu une altercation avec un client. J’ai senti mon cœur mon ventre ma gorge se serrer, ma peau se nouer. Cela me semblait hors nature, hors propos. Je ne connais pas cette violence-là. Je ne connais pas la haine et la colère gratuite non plus.
Je me suis rendue compte de ma chance, de ma chance de vivre dans un lieu qui me préserve de cette violence-là. Je vis dans un quartier où tout le monde se sourit et se connaît, où les commerçants nous accueillent chaque jour avec un regard et quelques mots. Je vis dans un monde où la bienveillance est finalement la fil conducteur et où chacun semble y trouver naturellement sa place.
Alors, je ne sais pas si je parviendrais à percevoir le monde avec autant d’optimisme, d’apaisement et de poésie si je vivais ailleurs. Je ne suis pas ni plus forte ni clairvoyante qu’une autre. Ça, je le sais aussi. Je ne sais pas réagir face à la brutalité ou à la violence. Mes mots prennent la poudre d’escampette et je ne sais pas apporter de réponses.
Je sais et j’ai conscience, en revanche, de ma chance de vivre et de grandir dans ce climat-là. Je sais aussi que c’est grâce à ces bases que je parviens à essayer, chaque jour, de rendre le monde un peu plus doux, et justement peut-être aussi, un peu plus lumineux et inspirant. Que je parviens à guider, apaiser, veiller. A essayer de donner, à ma portée, confiance.
Je sais tout ça, et je pense à cette journée inspirante qui vient de se terminer le sourire aux lèvres. Je suis heureuse d’avoir osé. Je pense à cette citation de Bourdieu « la plupart du temps, nous allons là où le monde social nous aurait envoyé de toute façon, mais nous y allons contents. C’est ce que l’on appelle la vocation » qui m’avait, l’été dernier, bousculée. Je ne crois pas être une exception.
J’ai passé la journée entourée de personnes talentueuses, douces et passionnées. Je pense, pour la première fois depuis des mois, à mes envies et mes rêves. A ce sentiment d’être à sa place et, à cette importance que je porte malgré tout à la liberté. J’ai arrêté la course. Je prends le temps d’y penser, et y penser, c’est déjà y croire et le rendre presque tangible.
Alors, voilà, je pense à tout ça, à ces mots écrits aussi, il y a quelques semaines, qui font écho et qui sonnent comme un mantra pour les mois à venir.