

Depuis dix jours, je me lève avec un immense ciel bleu au dessus de la tête. A quelques pas, il y a la mer.
Cette mer qui apaise, qui lave, qui berce. Cette mer dans laquelle je me fonds et que je pourrais observer durant des heures. Il y a les mots espagnols qui chantent dans les rues et les verres Sangria qui trinquent a la vida, al verano au coucher de soleil.
Je me souviens des mots de Victoire quand je lui confiais un après-midi de juillet que j’étais un peu fatiguée et que j’avais envie me fondre dans le bleu de l’Espagne : d’abord la mer, puis on verra*. Je me souviens de ces sept heures de route ce vendredi-là dans la petite voiture bleu-océan et de mes mains tremblantes à l’arrivée en prenant les clefs de l’appartement. Je me souviens, quelques minutes plus tard, de cette première vue de la mer au coucher de soleil.
Depuis, je me répète ces mots d’abord la mer, puis on verra. Et, à chaque fois, je souris.




Il y a cette espagnole à coté de moi dans ce café un matin qui me demande pour combien de temps je suis ici et à qui je réponds avec un immense sourire que je ne sais pas très bien encore. Alors, je lui raconte ma chance de pouvoir travailler d’où j’ai envie, de la façon dont j’en ai envie. Et de ce besoin de liberté, de créativité et d’éveil qui me colle au corps. Il y a son numéro dans ma main serrée quelques minutes plus tard et qui me promet que je serai heureuse ici.
Il y a Holly, ses toutes premières nages dans la mer et mon sourire pour l’encourager à me rejoindre. Cette petite fierté de la voir si épanouie et heureuse ici, de la voir grandir chaque jour. Ses petites pattes brulées par le soleil à trop courir, notre première visite chez le vétérinaire et ses petits chaussons de ballerine. Ses quelques mots d’inconnus bienveillants croisés aux hasards de nos pas et ses habitudes confectionnées-trouvées-aimées. Le petit déjeuner à Colón, les courses au mercado central et les longues promenades au Turia en fin de journée.
Et puis, l’ordinateur posé dans ce café face à la mer, dans l’herbe dans ce parc immense à l’ombre d’un arbre et sur les genoux en tailleur sur le canapé à la nuit tombée. Les premiers churros au sucre dévorés en quelques minutes dans la rue et les huevos de pescado comme nourriture-doudou. Cette sensation de retrouvée le temps, de ralentir, de se retrouver. Tout, tout doucement. La peau couleur caramel et les cheveux blondis par le soleil, ondulés par la mer. Ce livre dévoré au bord de l’eau en une après-midi et le petit traiteur italien juste en bas de l’appartement. Ce cahier d’espagnol fermé sur le bureau depuis notre arrivée et cette envie déjà de découvrir pour la millième fois l’Andalousie.



Je ne sais pas très bien ce que l’on vient chercher à sept cent kilomètres de chez soi, je ne sais pas non plus très bien ce que l’on peut y trouver, je ne sais pas grand chose. Mais, je sais la douceur du soleil, le pouvoir apaisant de la mer et le bonheur du ciel bleu au dessus de notre tête.







 
 

 
	


 
