

Les premiers pas dans un nouveau pays, ou une nouvelle ville, sont toujours particuliers. On cherche du regard ses repères et ce qui pourraient, peut-être, le devenir si on se décidait à y rester un peu plus longtemps que prévu. Alors, on regarde les couleurs, les matières, l’architecture. On écoute les discussions. Parfois, on ne comprend pas la langue, ou pas totalement. Alors, on se fabrique des histoires à partir d’une intonation ou d’une sonorité familière. Au détour d’une rue, on attrape un sourire, un regard ou une émotion. On s’imagine déjeuner dans le café d’en face, ou peut-être plutôt celui-ci, un peu plus loin, avec ses grandes tables en bois qui donnent sur la place. Dans l’inconnu, on dessine un quotidien imaginaire.
Au réveil, j’avais des petits yeux de chat fatigué et l’enthousiasme des premières fois qui les font oublier. Alors, sourire aux lèvres et nu-pieds, je suis partie à la découverte des différents quartiers de Singapour. Le ciel était bleu-gris et j’ai prié pour que le soleil se lève doucement. Il était neuf heures et il faisait déjà plus de vingt-cinq degrés.
Cela ne pouvait qu’être une belle journée.


Avant de partir et sur le moleskine, j’avais gribouillé : Little India, Kampong Bahru et Haji Lane. Pour le reste, il suffirait de se laisser porter et d’écouter sa petite voix et son intuition pour décider de tourner à droite, à gauche ou de continuer plutôt tout droit. C’est de cette façon-là que j’aime découvrir un nouveau lieu : le nez au vent, confiante en mon intuition et au hasard.
Alors, j’ai marché. Je me suis perdue aussi. C’est en marchant que je découvre véritablement un lieu, que je fais corps avec. C’est de cette façon-là que j’apprends à aimer une ville. A l’observer, à la regarder. Loin de mon nid, j’apprends à prendre le temps. A le torde, à l’étirer, à le suspendre. J’ai cette nécessité de découvrir avec lenteur et calme. Je ne sais pas m’imprégner d’un lieu en quelques minutes. C’est comme si mon corps avait la nécessité de se laisser s’infuser avant de commencer à s’ouvrir. Si je ne prends pas ce temps, je passe à coté. Alors, j’ai marché. J’ai marché et je me suis arrêtée. J’ai pris des photos. J’ai bu des cafés au soleil et j’ai pris le temps de rencontrer Singapour.





J’ai marché et je me suis enthousiasmée.
Et comme je n’avais ni carte ni itinéraire avec moi, je n’ai pas vraiment pu me perdre. Mes pas m’ont guidée vers Kampong Bahru. J’ai découvert ses habitations colorées. C’était beau et doux. C’était le matin et il n’y avait peu de monde dans les rues. Je suis rentrée dans les maisons traditionnelles et j’ai souri des objets d’un autre temps. Forcement, j’ai voulu tout acheter. Forcement, je n’ai rien pris vu la taille de mon sac. J’ai découvert la culture peranakan par ses objets et son architecture. Sur le carnet, j’ai ajouté : visiter le musée Peranaka.
En sortant, je suis tombée nez-à-nez devant un temple bouddhiste. Je suis restée cinq, peut-être vingt, minutes face à l’entrée à observer ses couleurs et ses motifs. A me dire que, quand même, c’était drôlement joli et joyeux. J’ai oublié le temps. La joie de vivre autour, et à l’intérieur, des temples me semble toujours incroyablement fascinante et apaisante.



De Kampong, j’ai rejoint Little india, le quartier indien de Singapour. J’ai découvert ses épices, ses couleurs et ses contrastes. Sa musique dans les rues envoutantes et ses habitants en terrasse à regarder la vie devant eux. J’aurais pu passer des heures à photographier chaque détail, chaque mur et à esquisser le scénario d’un film ou d’un roman.
Sur la petite place, j’ai commandé à déjeuner en demandant le plat le plus doux possible. A chaque bouchée, mes joues devenaient un peu plus rouges et mes yeux un peu plus brillants. Je suis ressortie en me sentant mi-touriste, mi-dragon. Avant de m’éloigner du quartier indien, j’ai poussée la porte d’une boutique de henné et j’ai demandé : un cœur au creux du poignet, un cœur pour ne jamais oublier de l’écouter battre, pour ne jamais oublier de s’écouter. Je suis ressortie, quelques minutes plus tard, avec un cœur à bout des bras. Il était encore humide et gonflé. Alors, au soleil, j’ai attendu qu’il reprenne doucement forme.
Vers quinze heures, j’atterrissais dans le quartier arabe et je flânais dans les petites rues de Haji Lane. Je découvrais ses boutiques modernes et tendances. Je souriais face à ces bars et salons de thé, à la décoration travaillée et que l’on pourrait retrouver dans le monde entier. Doucement, je suis arrivée jusqu’à la mosquée du Sultan et quand j’ai levé la tête le ciel était bleu et mes yeux brillaient.
A quelques pas de là, je me suis arrêtée dans une échoppe et j’ai adopté la plus douce des écharpes en cachemire en pensant que je garderai toujours en moi la douceur de Singapour et de cette journée-là.






En fin d’après-midi, j’ai rejoint la Marina Bay Sands. Vous savez, cet hôtel qui possède la piscine la plus élevée au monde. Je suis montée au quarante huitième étage et j’ai découvert cette vue incroyable que j’avais déjà perçu des dizaines de fois dans des livres. De là haut, cela sentait bon les vacances et la légèreté. La vue et la piscine qui surplombent la ville, la musique électro qui donne envie de dodeliner de la tête et les cocktails que l’on sirote au bord de la piscine donnent des envies de luxe, de calme et de volupté.
Pour la première fois depuis longtemps à l’étranger, j’ai pensé que j’aurais bien aimé trinquer aux beaux jours avec un ami ici. Et, que cela aurait été, je crois, un moment un peu doux et un peu hors du temps à partager ensemble.




Avant de rentrer à l’hôtel, je me suis arrêtée dans cette toute petite boutique que j’avais aperçue du taxi lundi en arrivant de l’aéroport pour Pets and their human friends. Forcement, j’ai voulu encore tout acheter. Forcement, j’ai montré une photographie d’Holly à la vendeuse en lui racontant comme elle est la plus incroyable et la plus formidable.
J’ai souri de ma bêtise et de mon statut de maman éloignée géographique. Je suis ressortie avec la plus jolie des peluches-doudous pour Hollynette et un grand sourire. Je l’ai posée sur le lit en rentrant et j’ai pensé que c’était un peu comme l’avoir près de moi. Je crois que le bonheur tient à des minuscules attentions, intentions.
Demain, j’irai découvrir la jungle singapourienne et je croise les doigts pour que mon ciel soit toujours aussi bleu.
Je vous dis à demain ?














