Hello Ouarzazate !


 

Il y a eu le réveil au petit matin et les yeux fatigués.

Et puis, la course jusqu’à l’aéroport dans la voiture avec mon papa, en croisant les doigts pour qu’il n’y ait rien sur la route qui nous retarde. Il y a eu nos zut, et re-zut quand chaque feu rouge semblait vouloir nous dire de ralentir et de respirer, et que tout irait bien, que tout va toujours bien. Sur la route, le soleil se levait. Alors, j’ai observé les couleurs du ciel, j’ai glissé mon nez dans le cou d’Hollynette et j’ai oublié les minutes. Je l’ai respirée. Et puis, il y a eu la dernière course jusqu’à la porte d’embarquement. Les joues rouges et le sourire aux lèvres, j’ai tendu mon billet à l’hôtesse. C’était un peu moins de huit heures du matin et le ciel était bleu-soleil.

Depuis, il y a eu deux vols, trois heures d’attente à l’aéroport et cinq heures le nez contre le hublot à humer le soleil. Le bond d’une heure et ce saut à pieds joints vers le Sud. Enfiler un short et se perdre dans les ruelles. La balade, le nez au vent, au coeur de la médina quelques minutes après avoir déposé ses bagages à l’hôtel. Humer la fleur d’oranger et s’enthousiasmer face à la gentillesse des berbères. Retrouver les couleurs et les odeurs des épices. Partager un thé à la menthe et quelques pâtisseries face à la kasbah.

Le soleil vient de s’endormir et je me dis que c’était une journée soleil : le soleil qui s’éveille et s’étire au petit matin, celui géant une heure plus tard du hublot de l’avion et celui enfin qui caresse les épaules à l’arrivée, des les premiers pas sur le tarmac, à Ouarzazate.

 


 

Demain, je pars faire un trek dans le désert durant quelques jours avec Allibert Trekking.

Cela fait des années que j’avais envie de découvrir le désert marocain. J’avais eu un avant-goût en septembre 2015 quand je suis allée pour la toute première fois au Maroc. J’avais tenu à prendre un bus pour rejoindre Zagora, le le désert le plus proche de Marrakech. On était partis, en voiture, avant le levé du soleil. On avait traversé les montagnes. Après une dizaine d’heures de route, on était arrivés mi-fatigués mi-enthousiastes au porte du désert quelques minutes avant la nuit.

On avait rejoint le camp berbère à dos de dromadaires et passé la nuit sur place. Je me rappelle de l’odeur du narguilé, des notes de guitare et du ciel illuminé. Dans le bivouac installé pour la nuit, on avait partagé une tajine et quelques confidences. Après le diner, je me souviens d’avoir contemplé les étoiles et de ne pas avoir assez de vœux face au poignée d’étoiles filantes croisées.

On avait quitté le camp, le matin, le sourire aux lèvres et avec l’envie d’étirer cette escapade-là. Et depuis, j’avais en tête, et le cœur, à m’enfoncer un peu plus dans le désert. Un peu plus loin, un peu plus longtemps. A découvrir ses reflets, ses matières, ses silences.

 

 


 

Alors, voilà, demain, c’est un rêve de petite fille qui se réalise.

Je n’aurai sûrement pas de connexion sur place. Et, je crois que ce n’est pas plus mal. S’enfoncer dans le désert, traverser les montagnes, ralentir et respirer. Observer les dunes, ses creux, ses aspérités. S’étonner des couleurs, des sommets, des silences.

J’ai glissé un trépied et une télécommande dans ma valise pour essayer d’apprivoiser les étoiles dans le ciel au milieu du désert. A vrai dire, je ne sais pas trop comment m’y prendre mais je sais aussi que ce n’est pas le plus important.

Je sais déjà aussi que des étoiles, j’en aurai plein les yeux.

 
 

 

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A bientôt Singapour ?


 

Je suis à l’aéroport de Singapour. J’ai encore quelques heures devant moi avant d’embarquer. Je retrouve les mêmes repères que lors de mon escale pour Melbourne il y a un an tout pile. Je revois les mêmes panneaux, les mêmes boutiques, les mêmes restaurants. Au retour, l’avion avait été retardé et on avait passé six ou sept heures à l’aéroport. D’ailleurs, je vous écris du même café, de la même table de là où l’on avait partagé un dernier verre avec Anne, Nath et Florian avant d’embarquer. Oh, les belles coïncidence !

Alors, forcement, tout se bouscule dans ma tête. Je pense à l’Australie, c’était il y a un an. Je pense à tout ce que j’ai pu découvrir depuis. A mes escapades en Egypte, au Mexique, au Canada, en Thaïlande. Je pense à cet été hors du temps en Espagne, à mes affiches vendues et cette première vue de mon agenda, puis de mon magazine dans une librairie. Je pense à ces douze derniers mois dingues surprenants enthousiasmants. Je pense à cette semaine à Singapour. Je pense à Winnie, ma guide adorable, qui m’a aidé à organiser mon séjour et m’a accompagné sur place. Je pense à ma chance de voyager et à ma bonne étoile.

Je pense à ces premières heures dans Singapour dimanche dernier où je découvrais Chinatown et cette pensée que je serai heureuse durant cette semaine-là. Je pense à mon sommeil qui joue à cache-cache depuis des jours et à la fatigue oubliée par l’envie de tout voir tout connaître tout découvrir. Je pense à mon enthousiasme, et encore, je m’enthousiasme. Je pense à Holly qui doit m’attendre à l’appartement et à sa petite bouille quand je pousserais la porte de l’appartement après vingt heures de trajet.

Je pense à mon travail et au retard pris. C’est la toute première fois que je prends un peu de retard en voyage, et je crois, que mon cerveau avait besoin de faire cette pause-là. Alors, je souris et je pense à la jungle thaïlandaise et à ses gratte-ciels. Je pense à ses hôtels incroyables et à tous les plats que j’ai pu dévorer-gouter-aimer ici. Je pense à ma balade en vélo à travers l’ile de Pulau Ubin, aux serres géantes Gardens by the Bay et aux maisons colorées de Katong. Je pense un peu tout ça et j’ai le coeur qui bat un peu plus fort.

 
 


 

En voyage, j’ai toujours mille idées d’articles et de choses à créer et écrire. Je suis heureuse et je crois que cela ressent tant de ma vie quotidienne que dans mes projets professionnels et mon envie de créer-écrire-photographier. Tout me semble lié et en équilibre.

Cette semaine, j’ai pensé plusieurs fois qu’il faudrait que je vous écrive sur cette façon, ou plutôt sur ma façon, de percevoir mon quotidien, mon métier et de faire en sorte qu’il me corresponde au fil des jours. Sur cette nécessite aussi d’écouter, et de faire briller son étoile comme l’écrirait Diane. Sur la façon dont j’essaie d’avancer, un pas après l’autre, et de trouver et conserver en moi un certain équilibre. De jongler entre mes rêves, ma vie personnelle et professionnelle.

Je sais combien cet équilibre est délicat à trouver et, plus que tout, comme il est précieux à conserver. Je sais qu’il suffit parfois d’un mot ou d’une journée un peu gris-brouillon pour que les doutes prennent à nouveau le dessus. Je sais aussi que s’écouter, dans un contexte où la peur domine souvent – peur de se tromper, de le regretter ou encore de manquer – est souvent complexe.

Je sais enfin que j’aurais pu, sûrement, un peu mieux « réussir » en acceptant parfois des projets qui ne me correspondaient pas totalement et en faisant taire ma petite voix à l’intérieur. Mais, je sais, et je crois que c’est l’essentiel, que cela ne me rendrait pas heureuse sur le long terme et que cette vie-là ne me ressemblerait pas. Au quotidien, j’ai besoin de sens, de créer et de liberté.

Depuis toute petite, j’essaie de m’écouter. Je doute de beaucoup de choses et j’ai souvent très peur. J’arrive, malgré tout, à toujours prendre en compte mes émotions et mon ressenti lorsque je dois prendre une décision importante. Je me laisse alors guider et j’ai souvent cette drôle d’impression de sauter dans le vide. Alors, je ralentis, je respire, j’y vais sur la pointe de pieds et je me répète que tout ira bien.

Jusqu’à aujourd’hui, vous savez, je n’ai jamais regretté une seule décision, même quand cela se passait pas tout à fait comme prévu, même quand c’était un peu compliqué ; j’en suis toujours ressortie avec des émotions positives et des apprentissages.
 
 


 

Singapour a été un voyage beau et surprenant. J’ai beaucoup appris sur la culture singapourienne et sur la place de Singapour dans le monde. J’ai été fascinée part ce jeu d’équilibriste entre la culture occidentale et orientale – et qui a fait écho à mon équilibre à moi.

J’ai aussi eu, au fond de moi, cette confirmation que j’aimais voyager seule, vraiment, mais que parfois aussi, j’aimerais bien partager certains lieux ou certaines émotions avec les personnes que j’aime. C’est bête, mais je sais aujourd’hui que c’est une véritable envie, et non une peur. Il y a quelques années, vous m’auriez parlé de voyager seule (ou tout simplement d’aller au cinéma seule !), je m’en serais sentie incapable. Non, par manque d’envie, mais par peur, par peur de me sentir seule et du regard des autres.

Doucement, j’ai appris à vivre mon quotidien selon mes valeurs et en écoutant cette petite voix dont je vous parlais un peu plus haut. J’ai appris à faire ce dont j’avais envie et de la façon dont j’avais envie. Même si cela peut paraitre parfois un peu étrange, décousu ou fou perçu de l’extérieur ; j’ai appris à écouter mon bonheur et à me détacher du regard que l’on pourrait porter sur ma façon de gérer mon quotidien. C’est, à mes yeux, la seule façon d’être heureuse. Aujourd’hui, je sais, et j’ai accepté que je suis d’une nature plutôt solitaire et que voyager seule a aussi quelques avantages. C’est un moment, pour moi, à moi, dédié à la création. Et, dans la vie, ce qui me rend heureuse plus que tout, est de créer et d’apporter ensuite un peu de bonheur, de confiance, de légèreté ou de poésie en les partageant. En voyage, j’écris, je ralentis, je m’étonne, je photographie. J’imagine, je dessine et je souris. Je prends des cafés au soleil. Et, plus que tout, j’aime consacrer ce temps-là pour me retrouver.

Quand j’étais plus jeune, j’avais l’impression d’avoir appris à me connaître et que tout serait un peu plus linéaire maintenant. J’avais peur de m’endormir dans quotidien et d’oublier la saveur des premières fois. Au fil des années, je me rends compte comme le chemin et l’apprentissage de soi, et du monde, est à la fois long, surprenant et intense.

Et comme c’est beau de se libérer doucement de ses peurs pour vivre pleinement sa vie.

 

 

 

 

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Oh, le dernier jour à Singapour !


 

Aujourd’hui, c’est le printemps et il fait un grand soleil.

Ce matin, j’ai pris le temps. C’était mon dernier jour entier à Singapour, alors, j’ai décidé de ne pas mettre mon réveil. Et pour la première fois de la semaine, je me suis réveillée à sept heures toute reposée. Alors, j’en ai profité pour prendre un bain et trier les photographies sur l’ordinateur. En fin de matinée, je suis allée dans le quartier chinois. Je voulais retrouver, une dernière fois, l’atmosphère particulière de dimanche dernier et en profiter pour acheter quelques souvenirs de l’île.

Je ne suis pas très souvenirs et j’achète très peu de choses en vacances. A la quantité, je préfère les petites riens symboliques trouvés au fil des rencontres et qui ont une histoire. J’adopte, en revanche, toujours des peluches pour Holly. Une peluche comme un pensée, un petit rien qui dit que je pense à elle du bout du monde. C’est un petit rituel entre elle et moi. Et quand je pousse la porte de mon appartement, quand je rentre, elle m’attend toujours derrière la porte en remuant sa petite queue. Et puis, alors, je sors de mon sac un éléphant, une girafe, un koala, parfois un nounours. Et quand je lui tends, alors, c’est la petite fête. Elle l’attrape et court dans tout l’appartement avec sa petite peluche.

Je ne ramène que très rarement des souvenirs pour moi, mais j’ai dans mon appartements des doudous du bout du monde. Et chaque fois que je les regarde, je souris et voyage à nouveau. Cette fois, j’avais envie de faire une petite exception – même si je n’ai pas oublié Holly. J’ai aussi pensé à vous qui m’accompagnez d’une certaine façon depuis le début de ce voyage, et qui voyagez en quelques sortes à travers mes images et mes mots, et j’ai glissé deux/trois petites choses pour vous dans mon sac. J’ai imaginé une sorte de box que je pourrais vous faire gagner lorsque je rentrerai à Toulouse. J’ai hâte de vous montrer les petites choses glissées et j’espère que cela vous plaira.

 


 

Vers midi, je suis allée déjeuner dans un food truck étoilé, Hong Kong Soya Sauce Chicken Rice & Noodles, toujours dans le quartier chinois. J’étais toute enthousiaste quand j’avais vu qu’il y avait cet étoilé à quelques pas de l’hôtel. J’avais lu, il y a quelques mois, un article du Monde qui en parlait et je m’étais dit que j’aimerais beaucoup y aller un jour. On y trouve du canard, du poulet et du porc accompagnés de pâtes ou de riz. Malgré l’attente, on oublie un peu toutes les personnes autour dès la première bouchée. C’est fondant, croustillant, sucré, salé. C’est délicieux. Ce n’est pas très joli mais, c’est promis, drôlement bon.

Avant de rentrer à l’hôtel, j’en ai profité pour visiter le temple bouddhiste à quelques pas. J’ai déposé mes chaussures à l’entrée de cette maison immense et colorée, glissé un pashmina autour de la taille et pénétré à l’intérieur les yeux grands ouverts. Visiter un temple me glisse toujours quelques étoiles dans les yeux et je suis fascinée par les couleurs et l’atmosphère apaisante et silencieuse qui y règne. Sur le toit, j’ai découvert un minuscule jardin, des orchidées et quelques moulins à prières. Alors, à chaque pas, j’ai essayé de tout retenir. Chaque couleur, chaque statut, chaque dorure, chaque fleur, chaque relique. J’en suis ressortie apaisée et avec l’envie d’essayer, un peu plus sérieusement, la méditation.

Un peu plus tard l’après-midi, je suis retournée dans le quartier d’affaires, j’ai poussé la porte Long Bar du Raffles Hotel et j’ai commandé un Singapore Sling. Vous savez, cet hôtel mythique, créé en hommage au fondateur, Stanford Raffles, de l’île. L’architecture du bâtiment est impressionnante et semble provenir d’un autre monde. On imagine un décor de film d’Anderson. A l’intérieur, on y trouve des objets en cuivre, des éventails géants au plafond et des sièges en rotin d’un autre temps. Au sol, des épluchures de cacahuètes fraichement grignotées par les clients. Ici, c’est une tradition. Le contraste avec l’élégance du lieu est saisissant.

A la table d’à coté, il y a avait une personne qui jouait quelques notes de violon. Je me suis dit que le hasard faisait bien les choses, et que cela faisait un générique de fin parfait de ce séjour à Singapour. Alors, et forcement, j’ai souri.

 

  


 

Ce soir, j’ai encore des dizaines d’images qui défilent. Demain, je prendrai un vol pour Munich, puis Toulouse. A l’aéroport, j’essaierai d’écrire un dernier article pour étirer encore un peu ce voyage entre l’orient et l’occident. Et puis, je pourrais publier peut-être quelques articles un peu plus pratiques pour partager des adresses singapouriennes et vous aider à préparer un voyage à Singapour, cela vous dirait ?

 

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