Je défaille,

Ici, la tempête a tout emporté avant de partir ravager un ailleurs. Elle est cruelle. Cruelle est le vocable qui lui colle à la peau. J’ai eu si peur. Je me suis sentie si minuscule face au vent, si fragile face à sa fureur. Comme un coquillage face à une vague, j’étais l’impuissante. Alors, quand j’ai vu les racines de cet arbre se soulevait, se soulevait, se soulevait ; j’ai tremblé de tout mon petit être. Maman était allée pousser la voiture de dessous l’arbre. Là tout à coup, tout semblait s’accélérait. Le vent devenait de plus en plus puissant. Et, la voiture avec maman à l’intérieur n’avançait pas. Elle n’arrivait pas à la faire démarrer et ne regardait plus l’arbre assassin. Je voyais tout et je hurlais. J’ai hurlé si fort, si fort. Je crois que j’aurais pu réveiller tout le quartier. Je lui hurlais de sortir de la voiture, que ce n’était pas grave. Qu’il fallait qu’elle sorte vite, vite, vite. Elle ne sortait pas. Elle n’entendait rien. Le vent emportait mes hurlements. La voiture n’avançait pas et les racines se soulevaient. Je hurlais si fort. Et alors, quand j’ai vu l’arbre s’arrachait du sol mon coeur s’est soulevé. J’ai hurlé de toutes mes forces à plusieurs reprises « maman » comme une formule magique.
Et à la seconde même, la voiture a enfin démarré. Durant une demie heure, je tremblotais et des larmes se dessinaient sur mes joues. Cette fraction de secondes avait paru une éternité. J’ai vu la mort se dessiner sous mes yeux et si vous saviez comme elle est effrayante. Si vous savez comme les choses paraissent simples à cet instant là. Alors ce soir quand j’ai entendu aux informations qu’un homme était mort par le poids d’un arbre, je me disais que maman avait vraiment eu de la chance.

Vous aimerez aussi
C'est promis

Castillos en el aire

Quatre arbres centenaires en moins dans mon jardin, et une boule au ventre.
J’ai un peu peur du vent et j’ai le cœur saturé de chagrin.

Vous aimerez aussi
C'est promis

Note du week-end

Le week-end est là.
Les heures de conduite s’accumulent à nouveau. Le vent se cogne contre ma maison. Il pleut très fort. La peur de l’échec m’obsède. Et, la vie de Jean-Jacques ne me passionne guère. Jean-Jacques, elle avait dit que c’était le seul écrivain qu’on pouvait nommer par son prénom. C’était il y a cinq ans et je m’en souviens encore. Depuis, je l’appelle Jean-Jacques comme si j’évoquais un vieil ami. J’ai la mémoire sélective. Peut-être un peu trop. C’est comme la peur ou la sensibilité, cela fait parti de moi alors. Je peux me souvenir de certaines phrases quelconques durant des années et ne pas arriver à me souvenir d’une date ou d’un calcul qu’on me répétera ou que je me répéterai durant des heures. Je me souviens facilement d’un cours sans le relire durant des mois, mais j’ai beaucoup de mal à apprendre par cœur une liste de vocabulaire simple. Cela en est ainsi. L’essentiel est d’avoir conscience de ses qualités et de ses limites, je crois. Et si parfois cela m’angoisse de ne pas parvenir à faire des choses simples comme tout le monde, ou presque. Je me rassure en me disant que je sais faire autre chose.
Je suis unique. Pas mieux, pas moins bien. Unique.

Vous aimerez aussi
C'est promis