Je défaille,

Ici, la tempête a tout emporté avant de partir ravager un ailleurs. Elle est cruelle. Cruelle est le vocable qui lui colle à la peau. J’ai eu si peur. Je me suis sentie si minuscule face au vent, si fragile face à sa fureur. Comme un coquillage face à une vague, j’étais l’impuissante. Alors, quand j’ai vu les racines de cet arbre se soulevait, se soulevait, se soulevait ; j’ai tremblé de tout mon petit être. Maman était allée pousser la voiture de dessous l’arbre. Là tout à coup, tout semblait s’accélérait. Le vent devenait de plus en plus puissant. Et, la voiture avec maman à l’intérieur n’avançait pas. Elle n’arrivait pas à la faire démarrer et ne regardait plus l’arbre assassin. Je voyais tout et je hurlais. J’ai hurlé si fort, si fort. Je crois que j’aurais pu réveiller tout le quartier. Je lui hurlais de sortir de la voiture, que ce n’était pas grave. Qu’il fallait qu’elle sorte vite, vite, vite. Elle ne sortait pas. Elle n’entendait rien. Le vent emportait mes hurlements. La voiture n’avançait pas et les racines se soulevaient. Je hurlais si fort. Et alors, quand j’ai vu l’arbre s’arrachait du sol mon coeur s’est soulevé. J’ai hurlé de toutes mes forces à plusieurs reprises « maman » comme une formule magique.
Et à la seconde même, la voiture a enfin démarré. Durant une demie heure, je tremblotais et des larmes se dessinaient sur mes joues. Cette fraction de secondes avait paru une éternité. J’ai vu la mort se dessiner sous mes yeux et si vous saviez comme elle est effrayante. Si vous savez comme les choses paraissent simples à cet instant là. Alors ce soir quand j’ai entendu aux informations qu’un homme était mort par le poids d’un arbre, je me disais que maman avait vraiment eu de la chance.

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