Je ne sais pas vous, mais chaque année, je me surprends à sentir le froid. Tout à coup, les températures dégringolent si vite, si vite. Un beau matin, je mets le bout du nez dehors et l’automne semble avoir profité de la nuit pour s’installer. Mes jambes se mettent rapidement à trembler, mes joues à rougir de ce froid nouveau. Chaque année, je trouve le changement trop brutal, presque anormal. Je crois que le corps n’a aucune mémoire des saisons. Il lui suffit de quelques mois pour oublier la dureté de l’hiver.
Chaque été, je pense à l’hiver comme une saison douce, un brin mélancolique, une saison où l’on boit du thé l’après-midi et du vin chaud le soir. Où l’on allume quelques bougies et prépare des plats conviviaux à quatre mains. Je pense l’hiver avec ses guirlandes, ses dimanches moelleux sous la couette accompagnés d’un livre et d’un chocolat épais. Ses marchés de Noël, ses châtaignes grillées, ses couleurs chaudes et ses journées minuscules. J’imagine un hiver avec des tenues moelleuses, simples et élégantes. Des belles robes, des jolis accessoires, des matières nobles et de couleurs chaudes. Je me dessine un hiver imaginaire parfait.
Pourtant lorsque l’hiver surprend, je grelotte. Je grelotte et regrette déjà l’été qui se retire sans même une révérence. Jeudi, j’allumais le chauffage dans la voiture. Vendredi, je glissais mes jambes dans des collants. Samedi, j’allumais le chauffage et enfilais un manteau. Et malgré tout, j’avais froid. Les rues se couvrent d’un voile automnal. Les passants pressent leurs pas. Les terrasses se vident. A l’extérieur, il ne reste plus que les courageux, et quelques fumeurs. On repousse les salades, on choisit des plats plus chauds, plus épais. A nouveau, on retrouve la perfection du cachemire, si doux, si douillet, si coquet. Quelques jours plus tard, on couvre notre cou d’une écharpe en laine.
Déjà, c’est presque l’hiver.