Note du lundi,






Des nouvelles en équilibre

Le ciel est toujours aussi gris et l’université n’a toujours pas ouvert ses portes. Il y a comme une odeur d’étouffement et de non-retour. Les tables et les chaises jetées contre les portes…Que dis-je? Il n’y a plus de portes à l’université. Les portes ont toutes étaient retirés lors de l’unique action en trois mois du président. Qui aurait pu être assez naïf pour penser que retirer des chaises suffirait à éteindre le mouvement? Lui, de toute évidence. Les tables et les chaises jetées donc à ciel ouvert font maintenant parties du décors. Daniel Filâtre continue à écrire des communiqués toujours aussi lyriques, jamais percutants, et souvent aux allures comiques. Les méchants bloqueurs, vous l’aurez compris, continuent de régner au Royaume de Fifi et de ses communiqués désespérés. L’AG de ce lundi matin a encore voté la poursuite du mouvement et du règne pour une semaine au grand dam du petit président – de l’université – et au grand bonheur du Petit Président de notre république. Si l’université a mal, d’autres en jubilent. Elle s’auto-détruit, mais a-t-elle d’autres solutions? Faut-il mieux se laisser détruire ou faire la guerre au risque de s’auto-détruire dans les plus brefs délais? A méditer. Dans les AGs, le mot  » rapport de force » fait sensation. Mais quel rapport de force et pour quels résultats? Celui des chaises contre de l’air? Et si, on brassait du vent, du savoir, de la colère contre une instance sourde? Il ne fait pas beau sur le nuage du savoir et de l’avenir.
A quand le grand Soir, je vous le demande.

Passons puisqu’ici le vent ne tourne pas et que le blocage perdure. Le mexicain est toujours aussi bon. Les margaritas aussi. Aller en boîte est toujours aussi regrétable lorsqu’on a cours le lendemain. Et même si le son était très, trop fort; le grand Bob était là. Il y avait du monde, beaucoup du monde. Des sourires, de l’alcool et des amis. Alors, le temps d’une nuit; j’ai joué la clubeuse. J’ai dansé et j’ai oublié le reste, tout le reste. A refaire un vendredi ou un samedi cette fois.

Le projet du court-métrage aboutit peu à peu. On tourne normalement le week-end du 15 juin. Cela sera uniquement un tournage de nuit. On a la maison à la campagne, les acteurs, et notre savoir faire? Qui vivra, verra!

Le reste?

J’ai fini Kundera, l‘Insoutenable légèreté de l’être. Je pourrais enfin dire  » oui, je l’ai lu » quand on me posera la question cruciale: « Tu as lu l’insoutena….? ». Fini les yeux de hibou à mon égard! Fini! (sinon, le livre n’était pas trop mal)

L’amoureux a aussi cédé au charme de l’Iphone: un de plus, dans la secte d’Apple. Pendant le temps que monsieur fait joujou avec son nouveau jouet, j’accumule les magazines sur la Photographie telle une marmotte qui ferait ses réserves pour l’hiver. Qui sait? Peut-être que les magazines seront bientôt interdits. Et parfois même, je les lis. Profondeur de champ, focale et moi devenons peu à peu les meilleurs amis. Le résultat reste encore peu probant mais cela viendra. J’y crois plus qu’au déblocage. Si, si. Le principal problème est que… quand j’ai Reflex dans mes petites mains: j’appuie partout, et j’oublie vite l’ISO, le diafragme et tous ces noms barbares. Enfin comme tout débutant qui se respecte, je prend l’amoureux et l’amoureux me prend ( en photo pour les mauvais esprits), le chien et le chat. Que d’originalité me direz-vous et vous aurez tout a fait raison. De plus, il y a un petit nouveau dans la famille d’Amour, Doudou. Alors évidemment qu’il est devenu ma cible numéro 1. N’est-il pas mignon?


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Note du dimanche

Je rentre de week-end.
Dans dix petites minutes, on s’envole pour un restaurant entre amis, puis vers le festival Inox avec Bob Sinclar. Mes petits yeux se ferment déjà. L’université a été débloquée par une société privée durant la nuit de samedi soir dans l’ignorance de tous. Toutes les grilles ont été retirées. On ne sait pas encore pour autant quand les cours auront lieu. Le président attendrait-il que les pro-bloqueurs et les anti-bloqueurs fassent la guerre demain matin comme l’année dernière pour décider du gagnant?
Je vous laisse avec un article du Nouvel Observateur.

Cela m’attriste.


Une bonne soirée.

Une balle dans le coeur

L’université, ce grand corps déjà malade, vient de subir des lésions probablement irréversibles. Le verdict, hélas : tous coupables !

J’admire et je plains en même temps celui qui, devant cet interminable conflit des universités, peut continuer de proférer des jugements unilatéraux, à l’emporte- pièce, du type «la faute aux manipulateurs gauchistes !» ou, à l’inverse, «machination du pouvoir !». Une seule chose paraît certaine : l’université, ce grand corps déjà malade, vient de subir des lésions probablement irréversibles. Le fossé qui s’était creusé entre la fac et les grandes écoles s’est encore élargi au point de devenir infranchissable (qui aujourd’hui oserait encore préconiser leur fusion ?). En matière d’enseignement supérieur, voire de recherche, la France, qui fut longtemps une avant-garde planétaire et n’a guère d’avenir en dehors de la matière grise, cette France-là est en train de glisser doucement, au milieu d’une indifférence croissante, vers le tiers-monde. C’était présomption de la part du pouvoir d’imaginer que, grâce à l’élection récente de Nicolas Sarkozy et à l’idéologie libérale alors dominante, le vote d’une loi, la loi LRU sur l’autonomie, suffirait à métamorphoser d’un coup la vieille université napoléonienne et égalitaire en un essaim bourdonnant d’établissements concurrentiels et diversifiés, tendus vers l’innovation et l’efficacité. C’était folie, surtout, que d’avoir camouflé en réformes de structure des mesures inspirées uniquement par le souci d’économies budgétaires, telle la fameuse «mastérisation» de la formation des enseignants.

Folie aussi, dans le camp d’en face, que la constitution de ce vaste front gaucho-mandarinal de résistance à tout changement, comme si la massification de l’enseigne ment supérieur pouvait encore s’accommoder de structures uniformes, héritées de Victor Cousin et de Jules Ferry. Folie, de la part des meneurs syndicalistes et étudiants, d’imaginer que l’on peut paralyser une université pendant une demi- année scolaire et s’en tirer par quelques vagues bricolages de cours à la sauvette et d’examens bidon, voire par l’attribution automatique de diplômes de «blocage».

Naïveté et apathie de la masse des étudiants, qui se sont laissé imposer la loi de minorités manipulatrices et souvent violentes, sans penser que la valeur des diplômes sur le marché du travail s’en trouverait durablement affectée. Quel mépris du savoir au profit du parchemin !

Inconsistance, enfin, de la part du PS, cet autre grand corps malade, au départ favorable à l’autonomie, ballotté par l’événement et incapable d’envoyer un message utile aux professeurs, aux étudiants, au pouvoir, à la nation…

Les dégâts, je le répète, seront importants, bien plus qu’en 1968 où, pour des objectifs infiniment plus ambitieux, les «événements» n’ont commencé que le 4 mai, alors que les cours étaient sur le point de se terminer. Il n’est sorti du mouvement actuel aucune idée nouvelle, aucun enthousiasme, aucune résolution. C’est peu de dire que le prestige de l’université française, déjà bien bas, s’en trouvera affecté; que le déficit d’étudiants venus des grands pays industriels en sera accentué. On va voir, dès la rentrée, se développer la pire des sélections, une sorte de darwinisme culturel au détriment des facs et des départements les plus clochardisés. Il est difficile d’aider à vivre un grand corps social qui n’attend ses règles et ses ressources que d’un Etat qu’il déteste; encore plus difficile d’empêcher le malade de se tirer une balle dans le coeur.

Jacques Julliard

Le Nouvel Observateur

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