Aux habitudes tissées

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Quand j’arrive dans un nouvel endroit, il faut que j’apprivoise les lieux ; que, tout doucement, je m’ancre. Que je trouve mes repères et ma place. Alors, et toujours, j’achète quelques fleurs et j’emporte avec moi un petit truc qui me console-rassure-veille. Un doudou, un ruban, quelques livres, une bougie de rien du tout. Des minuscules brindilles qui font que, au bout du monde, je suis toujours un peu chez moi.

Je ne sais plus très bien d’où vient cette envie d’Espagne, de mer et de ciel bleu-bleu-bleu au cœur de l’été. Je ne sais plus très bien non plus le jour où j’ai décidé de louer cet appartement et de me dire que j’y serai heureuse. Je sais la petite peur au ventre quand j’ai pris les clefs et le vide immense à apprivoiser. Je sais l’inconnu des premiers jours. Je sais le silence mi-oppressant mi-rassurant. Je sais l’absence de mots précis pour coller à la réalité. Je sais le manque de repères et l’appartement un peu trop froid un peu trop propre. Je sais les kilomètres jetés et le soleil à l’arrivée.

 

 

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Je me rappelle de la bouillotte chat-doudou posée sur la table basse et des fleurs achetées, quelques heures plus tard, au marché de Colon. De mes premiers pas dans Ruzafa et de mes yeux ouverts en géant. De la musique sur la petite enceinte de la cuisine et de la bougie à l’ambre allumée à la nuit tombée. Des photographies prises et des jus d’orange sirotés en face du marché. Du premier petit déjeuner pris face à la mer et du soleil qui caramélise la peau.

Du parc au bout de la rue et de la vieille ville à quelques minutes à pied. Des livres lus dans l’herbe, dans le sable, à la terrasse d’un café. De la première baignade et des pieds nus dans le sable brulant. Des petits pas encore hésitants d’Holly dans l’eau, et de la voir, tout à coup, nager pour me rejoindre quelques mètres plus loin. De ma petite fierté de la voir faire son chien-clown. Du parc et des chiens qui se retrouvent chaque fin d’après-midi autour de la fontaine. De sa balle rose bleu jaune verte qu’elle ne sait partager.

Du sourire de la voisine italienne et de nos quelques mots échangés sur le palier, du regard de la boulangère sur la petite place quand elle a aperçu Holly pour la première fois et de ce café-librairie où je pose parfois mon ordinateur l’après-midi pour y travailler quelques heures. Je me souviens de ce quartier aux maisons colorées encore inconnu il y a quelques semaines et où je pourrais conseiller quelques noms les yeux fermés et le sourire aux lèvres aujourd’hui.

 

 

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Ce sont dans ces habitudes que notre monde se tisse et devient, tout à coup, rassurant. Dans ces gestes quotidiens que l’on apprend à se sentir un peu plus chez soi, un peu moins en terre inconnue. Que l’on sort de notre coquille, que l’on s’ouvre sans même s’en rendre vraiment compte.

Dans ces gestes-là que l’on tisse son nid à mille kilomètres, à quelques mètres ou au bout du monde. Dans cette perception du monde, que l’on s’apprend, que l’on se découvre et que l’on fabrique doucement un univers intérieur plus serein et apaisé.

Et, que tout ça, que ce bonheur, cela ne tient à presque rien : un sourire, quelques mots et un livre dévoré au soleil. Je me souviens de tout ça et je souris de cette petite vie-là.

 
 

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