Au début du confinement, j’avais pensé que ces jours suspendus seraient l’occasion d’écrire : de ça, je me consolais.
S’il y a bien une chose que je sais faire, c’est écrire sur le rien, ou plutôt sur les émotions, sur ce qui se passe en dedans. Je sais écrire les mouvements intérieurs et le corps statique. Je sais écrire les papillons dans le ventre et les jambes qui tremblent. Je sais écrire, je crois, les peurs et les grandes joies. Je sais, aussi, combien déposer mes pensées sur un carnet ou un clavier m’apaise et me permet souvent de prendre du recul.
J’ai écrit sur le journal. J’ai écrit des affiches. J’ai envoyé des SMS et des mails. Je n’ai pas pris le temps d’écrire ici. Les jours suivants la rédaction de mon dernier article m’ont semblé être des montagnes russes. Certains jours, je semblais avoir une énergie dévorante. Le lendemain, j’étais pétrifiée par la peur des jours, et du futur, à venir.
Il m’a fallu du temps pour trouver un rythme et découvrir les joies de ce quotidien nouveau : les rues désertes et la ville qui semble, par la fenêtre, endormie. La gratitude et la joie – oui, la joie – , à chaque commande sur lesmotsalaffiche.fr de se sentir entourée et protégée, l’énergie insufflée par tous ces mots qui font battre mon coeur un peu plus fort.
La découverte joyeuse d’une autre façon de vivre, plus lente et douce, plus respectueuse de mon propre rythme et où les urgences semblent, tout à coup, s’être évaporées.
J’apprivoise les nouvelles règles. Je souris à l’idée d’un monde où l’on tord le cou à la productivité et à la performance.
Doucement, les idées semblent éclore.
C’est le printemps. Le ciel est bleu. J’ai, à nouveau, des idées d’écriture et de création. J’écoute, chaque jour, le journal de confinement de Wajdi Mouawad. J’ouvre les fenêtres. Je nettoie, je range, j’ordonne. Je bouscule les meubles. Je lis. J’ai accroché une carte du monde géante sur le mur du bureau. Je mets de la musique.
De l’intérieur, je voyage. J’ai envie de changer l’apparence du blog et de mon portfolio – si durant le confinement, je parviens à travailler sur une refonte graphique de mon site professionnel, on pourra parler de miracle. A défaut de pouvoir échanger autour d’un café, je retrouve les échanges passionnants et enthousiastes à travers des écrans. J’écris des mails fleuves. Je prends des nouvelles. Je travaille. Je dors. Je cuisine. J’essaie de prendre, à nouveau, quelques photographies. J’ouvre les yeux. J’ai posé l’aquarelle sur le bureau. Je m’éveille. Je cherche et découvre la poésie et l’extraordinaire dans ce quotidien clos.
Et un pas après l’autre, je respire. Et si je joue toujours à cache-cache avec mon compte en banque, je n’ai plus peur. Je porte en moi la confiance du printemps et je sais que tout ira bien. Que l’essentiel est ailleurs.
Dans trois jours, j’aurais trente-deux ans, et je me demande bien à quoi peut ressembler un anniversaire confiné. J’espère que le ciel sera, toujours, bleu.