La respiration



Et réapprendre à vivre

 

La soutenance est passée, et un sourire apaisé est apparu sur mes lèvres. Les minutes, qui ont suivi, avaient un goût particulier, peut-être un goût de liberté. Mention très bien. Je souris. Je pense que c’est un peu trop. J’ai passé la soirée avec ce sourire accroché à mes lèvres et cette coupe de champagne qui glissait entre mes doigts.

Se raconter, se murmurer, se crier que l’on peut être fière de soi, au moins un peu. Se répéter alors les mots de jury, pour y croire. S’en convaincre. Se répéter les mots jusqu’à ce qu’ils deviennent flous et qu’ils se vident de leur sens. Se secouer. Appeler papamaman et se sentir toute petit fille. Entendre leur voix, leur fierté peut-être, et être déjà un peu à côté. Sourire. Trinquer. Et, délicatement, penser déjà à l’après.

Le ballet ne s’arrête jamais, on le sait. Un pas après l’autre, un caillou qui en remplace un autre. Parce qu’il va encore falloir faire des choix et que l’on sait inexorablement que derrière toute décision se dissimule un renoncement. Il va falloir se prouver que l’on en est encore capable de grandir. D’avancer. Mais là, tout de suite, l’essentiel est de respirer. Vivre. 

Le lendemain, je me réveillais trop tôt, allumais le Mac. Et, en tailleur, faisais quelques modifications. Les dernières. Il n’est pas facile de le laisser s’envoler, de se dire que voilà, c’est fini. Que même si cela n’est pas parfait, il ne faut plus y toucher. On aura fait pour le mieux.

Puis, j’ai déposé le Macbook dans un coin de la valise et je n’y ai plus touché. Cela fait du bien parfois de se libérer de l’écran. Porto a été parfaite et d’une douceur absolue. Je crois qu’il est parfois nécessaire de s’éloigner pour se retrouver. Un vent de liberté.

 

 

Les photographies ont été prise à l’Ile de Ré avant de s’envoler à Porto. L’air marin sur la peau, il n’y a rien de mieux, pour se sentir vivante.


 

 

 

Vous aimerez aussi
C'est promis

La dernière virgule du mémoire


Et soutenir le mémoire

21 juin 2012

Depuis quelques jours, le stress commence à grimper le long de la colonne vertébrale. En apnée, je compte les dodos avant le jour J. J’ai un peu peur. Beaucoup. Trouillarde.  J’ai toujours pensé que faire un mémoire, c’était compliqué, pour les grandes personnes en quelque sorte. Je ne sais trop comment, peut-être par un fabuleux concours de circonstances, je soutiendrai la semaine prochaine.

Depuis toujours, j’ai cette impression d’être une usurpatrice, comme si le jury allait, tout à coup, se rendre compte que non, ce n’est pas possible. Que je suis trop minuscule. J’ai toujours pensé que mes petites réussites étaient liées à une grande part de chance et qu’un jour celle-ci prendrait forcément la poudre d’escampette […].

 

26 juin 2012

Tenir son mémoire entre ses mains est doux. Grisant. Hier soir, je pensais que c’était la première fois que j’alignais autant de mots sur le même support, et peut-être, la dernière. Je respire. Je ne sais pas s’il y a de quoi en être fière, ou en rougir. Le fait est qu’il est là et que depuis hier, je le regarde, le feuillette, l’observe. Souris.

C’est mon sujet. Ce sont mes mots, mes phrases et mes maladresses. C’est une part de cette année universitaire qui se referme. Bien sûr, j’aurais aimé qu’il soit un peu plus comme-ci, ou un peu plus comme ça. J’aurais voulu avoir le temps d’affiner le style, de gommer toutes ses répétitions. J’aurais aimé ne pas avoir à me mordiller les lèvres à chaque fois que je lis une lourdeur. Avec le recul, je changerais encore beaucoup de choses, sûrement le plan même. Mais, il est là et c’est mon travail.

Dans quelques jours, quelques heures, je le soutiendrai et ferai tout pour le protéger, pour le montrer sous son meilleur jour. De là, je m’envolerai pour un long week-end à Porto. L’unique objectif sera alors de respirer, flâner et de profiter de mon amoureux. Je crois qu’écrire un mémoire, ou plus largement s’impliquer dans un long projet, c’est emmener avec soi celui qui partage sa vie. Cela fait des mois que je n’ai pas passé un seul jour sans parler-manger-respirer mémoire. Alors, voilà, on va se retrouver, penser à nous et se couper du monde le temps d’un week-end.

 

Et, peut-être que j’aurais dû commencer par ça, je tenais à vous remercier pour vos petits messages, vos encouragements et votre bonne humeur. Aussi, beaucoup d’entre vous, ont pris le temps de répondre au questionnaire du mémoire. J’ai été touchée par tant de réponses aussi détaillées. Sachez que cela m’a beaucoup aidée : en quelques heures, j’ai obtenu plus de 200 réponses. Encore une fois, vous avez été parfaits.

 


« Pendant dix ans, je disais tous les jours j’arrête demain. On va s’apercevoir que je n’y connais rien. J’ai toujours pensé qu’on finirait par me démasquer »

Sonia Rykiel

 

Vous aimerez aussi
C'est promis

La bague de Mamie,


L’alliance de ma grand-mère

 

Je ne me souviens plus la première fois où j’ai glissée cette bague à mon doigt. C’était quelques années après le décès de ma grand-mère. Je devais avoir huit ans, peut-être dix. Ma grand-mère avait les doigts très fins. J’étais encore minuscule et alors la seule qui parvenait à glisser la bague à son doigt. Je l’avais reçue comme un cadeau et une preuve de confiance. Elle m’était encore un peu grande. Aujourd’hui, elle est parfaitement à ma taille comme si mes doigts s’étaient arrêtés de grandir juste à temps pour elle.

Cette bague, je ne l’ai jamais retirée depuis. C’était la bague de mariée de ma grand-mère. Elle s’en est séparée vers la fin de sa vie. Ses doigts, qui avaient un peu gonflés, l’empêchaient alors de la mettre. Je me suis parfois demandée si je ne devrais pas l’enlever. Cela semble peut-être étrange de l’extérieur. Je ne crois pas qu’une alliance se prête ou se donne, ou tout au moins dans ces conditions-là. Même si, je ne la porte pas à l’annulaire, je ne me suis jamais résolue à la retirer. Je pense parfois que, si, peut-être, un jour, je me marie. Je devrais peut-être la remplacer. Comme une façon de grandir, de s’affranchir du lien de l’enfance et recommencer une nouvelle histoire. A vrai dire, d’y penser, cela me pince le coeur.

J’aime les objets qui ont une histoire, une valeur. Cette bague est un puits de souvenirs.  Elle me rappelle ma grand-mère qui est partie bien trop tôt quand j’étais encore une petite fille. Et, comme malgré tout j’ai pu l’admirer. J’aime penser que cette bague l’a accompagnée tout au long de sa vie. La porter, c’est me souvenir de l’histoire de ma famille, de l’Espagne, de la guerre mais aussi de son rire et de sa joie de vivre. C’est penser que malgré toutes les épreuves, elle est toujours là. Intacte. Et se dire alors dans les moments de doute qu’on y arrivera, que les petits bobos ne sont pas grand chose.

Elle est ma béquille, me berce quand je doute, me console. C’est une piqure de rappel qui me colle à peau, un clin d’oeil pour ne pas oublier qui je suis et vers où je vais.

Cette bague, c’est un message d’espoir, un doudou qui rassure, une ode à la vie. Un peu tout ça à la fois.

 


 

Vous aimerez aussi
C'est promis