L’image de la perfection


Il y a quelques années, j’aurais rejeté cette photographie à cause du doudou préféré d’Holly dans le fond et c’est peut-être ce doudou (et le regard d’Holly) qui fait que j’aime tant cette image et qu’elle m’émeut aujourd’hui. J’aurais sûrement fait disparaitre l’étiquette blanche sur le pot de la plante et harmonisé la couleur du fauteuil. J’aurais peut-être aussi trouvé la photographie trop sombre et retravaillé la luminosité. J’aurais guetté chaque détail à la recherche de la moindre imperfection.


Il y a quelques années, je voulais des photographies parfaites et aseptisées. Je recherchais, sans vraiment m’en rendre compte, cette perfection que l’on retrouve dans les magazines de décoration. A chaque fois que je sortais mon appareil photo, et déclenchement après déclenchement ; l’angle se vidait, de chaque objet, que je jugeais de trop. Je faisais le vide. Il fallait que rien ne dépasse. Il fallait que tout soit aligné, rangé et ordonné.


Il m’aura fallu du temps pour accepter mes failles et mes fêlures, pour accepter que ce joyeux bordel faisait intrinsèquement partie de mon quotidien. Que c’était ces imperfections qui me rendaient vivante. Parce que ce doudou-là, c’est aussi Holly, qui le prend dans sa gueule en remuant la queue, alors qu’il est plus grand qu’elle et qu’il l’empêche de marcher, à chaque fois que je pousse la porte de l’appartement.

Il m’aura fallu des années pour oser sortir du cadre, accepter ma vulnérabilité et commencer à m’écouter. Commencer à penser à moi, à dire non et à accepter que ce qui me rendait heureuse ne ressemblait pas forcement ni à un magazine ni à l’image que je me faisais de la perfection.

Alors, voilà, cette photographie, elle est parfaite comme elle est, avec sa luminosité de fin de journée et ses marqueurs de notre quotidien. Elle nous ressemble et c’est l’essentiel.

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