Touda, écolodge dans le haut-Atlas


Je l’avais imaginé, rêvé, dessiné dans ma tête des dizaines de fois avant d’arriver à Touda.

J’avais imaginé l’arrivée à Marrakech et l’air chaud qui saisit en quelques secondes. La route sinueuse de montagnes pour arriver jusqu’à Touda et l’air devenir un peu plus frais à mesure que l’on s’approchait de l’Atlas. A mesure que l’on montait en altitude.

J’avais imaginé le silence de la montagne et la maison au bout du monde. Les crêpes de Nejma et les heures à fixer l’horizon. Les rires des enfants, le thé de l’après-midi et le poids des obligations envolées. Les histoires de Saïd et les anecdotes de Sophie.

J’avais imaginé laisser le téléphone au fond de mon sac et oublier les impératifs durant plusieurs jours.

 
 


 

Alors, il y a eu la chaleur de Marrakech et le brouhaha de la médina encore en éveil lors de notre arrivée. Il y a eu l’odeur des épices sur la place place Jemaa el-Fna et les petites ruelles pour arriver jusqu’au riad. La nuit courte, le travail pour finir les impératifs avant les vacances et le réveil bien trop tôt. La connexion internet qui semble déjà vous murmurer, doucement, de ralentir.

Il y a eu la route pour rejoindre l’Atlas qui berce et mes yeux rivés à la fenêtre vers le vide. Le transit de mille et une couleur qui semble tout droit sortir d’un film. Il y a eu ma main accrochée à la porte quand la route se faisait tout à coup un peu plus plus étroite et l’envie dévorante, enfin, de découvrir cette maison.

Et puis, vers quinze heures, il y a eu l’arrivée à Touda, cette maison perchée sur la falaise, qui porte le nom de la grand-mère de Saïd. Ce repas improvisé, à la marocaine, sur la petite table dans la cuisine, entourée de Fatima, d’Ahmed et de Nejma. Il y a le thé à la menthe sur la terrasse, la vue sur le village et le silence apaisant. Le temps ralenti et la sieste sur la terrasse l’après-midi. Les couleurs du ciel qui change, et qui modifie l’horizon, à mesure que l’on s’approche de la nuit.

 
 


 

Il y a eu cette promesse de soi à soi de ne pas trop travailler, de ne pas se connecter pour mieux se retrouver. De respirer, enfin. Il y a eu ce dernier mail reçu et qui serre un peu le cœur, qui rappelle comme la gestion d’une entreprise est complexe et, parfois, oppressante. Il y a eu l’ordinateur fermé malgré tout et ce souhait de penser à soi.

Il y a eu le temps ralenti et les repas approchés. La visite de la ville et la curiosité de cette vie simple et spartiate loin de tout. Le désir de comprendre le fonctionnement, de comprendre de l’intérieur. L’envie de savoir comment on vit avec si peu et le rire des enfants, qui rassurent, en fond. Il y eu les mille questions dans la tête et mon sourire silencieux qui avait peur d’être maladroite.

Il y a eu la randonnée improvisée au réveil et la découverte de l’écomusée créé par Said il y a trois ans. Sa volonté de permettre aux personnes qui l’ont fait grandir de vivre mieux, d’être plus automnes, et de partager, en filigrane, la richesse de la culture berbère. D’en montrer ses rites et ses codes.

Mon admiration et mon sourire collé aux lèvres et de savoir que c’est pour ça que je voyage : pour découvrir d’autre vie que la mienne, d’autres repères que les miens. Pour comprendre qu’il y a mille autres façons de vivre que la mienne, et que c’est ça la beauté de la vie.

 

 


 

Alors, voilà, je suis arrivée à Touda.

Déjà, il y a magie du temps retrouvé et ralenti. Il y a eu le voyage qui est là, sous mes yeux, et qui me murmure qu’il ne fait que commencer. Il y a l’impatience de découvrir les gorges de Mgoung dimanche et les paysages d’un autre monde. Il y a les discussions et cet apprivoisement mutuel. Ce langage qui se passe d’une langue commune. Ces échanges, ces sourires et ces partages suspendus.

Il y a ces discussions passionnantes, en filigrane, avec Saïd sur le quotidien des berbères. Le chef du village, l’arracheur de dent et le quotidien des femmes dans la vallée. Les souks, les habitations traditionnelles, Zawyat Oulmzi.

Ces livres empruntés, à la nuit tombée, dans la grande bibliothèque du salon, qui me fascinent et qui me donnent l’impression d’un monde à découvrir.

 

 

 

 

Le voyage a été organisé par Touda, et orchestré par Saïd. Le voyage revient à environ 450 euros la semaine par personne est comprend la pension complète, le trek – dont je vais vous parler dans les prochains articles -, les nuits à Marrakech et le transfert Marrakech – Touda.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le site de l’écolodge dans le haut-Atlas.

 
 

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C'est promis

Vos commentaires
sont des petites douceurs
Mille mercis à vous

  1. marie

    Bonjour,
    Très agréable ce récit, ces ressentis…mais qu’en est-il vraiment ? Serait-ce cette façon apparente de vivre qui apporterait le bonheur?
    Merci pour ce partage
    MC Denis (facebook)

    Répondre
    • Bonjour Marie !
      Merci beaucoup pour votre mot ! Je crois que le bonheur se trouve partout, qu’il est avant tout en nous. Que la richesse et le confort peuvent le conforter, mais ne le créer pas.
      Et vous, qu’en pensez-vous ?
      A bientôt!

      Répondre
  2. ***:)

    Les photos et les articles sont toujours aussi intéressants. Merci de nous faire partager au-delà des kilomètres vos découvertes !

    Répondre
  3. Jolies photos ! j’ai adoré l’atlas moi aussi quand j’y suis allée y a deux ans, et je rêve d’y retourner (probablement bientôt) !
    C’est marrant c’est le 2eme article sur Touda que je vois cette semaine. Pour ma part j’ai eu une mauvais expérience avec eux justement lors de mon voyage dans l’Atlas : je les ai contacté pour réserver chez eux, et je me suis faite envoyée promenée sans raison …pas très pro leur réponse.

    Répondre
    • Said Marghadi

      Je ne me rappelle pas de la teneur de nos échanges lors votre réservation mais si je vous ai envoyé ch*** c’est que c’était surement justifié.

      Répondre
  4. Axel

    Merci beaucoup pour ce magnifique récit une fois de plus ! Les photos sont tout simplement magnifiques.

    Comment vous êtes vous rendue à Marrakech ?

    Impatient de vous relire

    Répondre
    • Bonjour Axel !
      Merci beaucoup et bienvenue par ici ! Je suis partie en avion de Toulouse ! :-)
      A bientôt !

      Répondre
  5. Tes récits qui me font voyager de chez moi … Merci pour tout ce que tu donne, tout ce que tu partage.

    Répondre
    • De rien. Je crois que, vraiment, je te conseillerai (et si tu le peux) de réserver un billet d’avion et de partir. C’est un (si ce n’est le !) voyage qui m’a le plus marqué et j’ai envie, depuis que je suis rentrée, de dire à tout le monde d’y aller.

      Répondre
  6. Et puis il y a tes mots toujours aussi justes, toujours aussi beaux, et tes instants immortalisés.
    Merci pour ton partage, hâte d’être embarquée dans les montagnes marocaines.
    Belle journée à toi <3

    Répondre
    • Merci beaucoup pour tes mots qui, comme toujours (c’est dingue cette faculté que tu as à émouvoir !) me touchent énormément.
      J’espère que tu vas bien. <3

      Répondre
  7. Nathalie

    Très sympathique article ! Je me ferai ma propre opinion très bientôt car j’ai la chance d’y aller en septembre ! J’ai hâte !

    Répondre
  8. Il y a ces discussions passionnantes, en filigrane, avec Saïd sur le quotidien des berbères. Le chef du village, l’arracheur de dent et le quotidien des femmes dans la vallée. Les souks, les habitations traditionnelles, Zawyat Oulmzi

    Répondre
    • Oui, oui, oui ! Je crois que ces histoires et discussions font partie intégrantes de la beauté et la richesse du voyage.

      Répondre
  9. marie kléber

    Toujours autant de magie dans tes mots et tes splendides photos May.
    C’est ce qui fait la richesse de la vie, ces rencontres, et la découverte d’autres façons de vivre, d’être, de créer.
    Avec ce même sourire et cette passion au fond du coeur.

    Répondre
    • Oui, oui, oui. J’ai jamais vraiment eu de doute sur mon mental. Mes parents m’ont toujours répété qu’en travaillant, je pourrais obtenir ce que je voudrais. A l’inverse, j’ai toujours laissé mon corps un peu de coté, comme s’il était là parce qu’il devait porter mon “cerveau”. J’essaie d’équilibrer à nouveau cette relation et cela me fait un bien fou. J’en parle à nouveau dans le dernier article d’ailleurs.

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  10. @Said Marghadi : merci pour cette réponse qui démontre toute l’étendue de votre courtoisie.
    Effectivement cela devait être justifié selon vos termes : j’ai demandé une réservation – rien de plus. Pas de réponse. Une semaine plus tard, je vous informe poliment que, sans réponse de votre part, j’ai du réserver ailleurs (je ne voulais pas risquer de dormi dehors, vous comprendrez bien). Voila pourquoi vous m’avez envoyée balader. Totalement justifié. CQFD.
    @May : désolée de ce pourrissage de tes commentaires, ce n’était pas mon intention.

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  11. @Milla : de rien pour ma courtoisie (j’essaye de garder le haut niveau en courtoisie mais de fois j’ai du mal) .
    En 10 ans d’activité à Touda, personne ne s’est jamais plaint de notre comportement sauf un pauvre espagnol qui s’est pris pour un colon (pareil je l’ai envoyé ch…. vous pouvez vérifier sur notre page tripadvisor).
    Ce n’est pas parce qu’un pauvre client va me payer quelques euros que je dois me transformer en tapis…
    Conclusion de l’affaire, pensez ce que vous voulez, écrivez ce que vos voulez, la terre continuera de tourner et les clients continueront de plébisciter Touda (sauf ceux qu’on envoi ch…. )

    Répondre
  12. Que ce voyage me fait rêver : me retrouver, moi, juste moi, face à des paysages aussi beaux qu’envoûtants …
    Je vais peut-être sauter le pas, car j’en ai bien besoin ces derniers temps … voyager seule, une première, mais pourquoi pas pour aller à la rencontre de moi … Merci May pour ces mots et ces images qui donnent envie de voir le monde !

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et souriez, vous êtes fantastique

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