Et regarder vers l’horizon


 
 
Cela fait un mois que je n’ai pas écrit ici. Un mois, des mois, que j’étais en apnée avec cette histoire de prêt qui symbolisait, symbolise, beaucoup à mes yeux.

Vendredi dernier, mon banquier m’a appelée pour me dire que le prêt avait été accordé. Depuis, le brouillard semble évaporé et j’ai l’impression de respirer à nouveau. De savoir, à nouveau, où je veux aller, comment je veux y aller. Cela faisait des semaines que j’avançais à tâtons en me répétant que j’aurais fait au mieux, que c’était la vie. Que, si le prêt n’était pas accepté, cela serait la conséquence de mes choix de vie. Que je le savais en me lançant à mon compte et que je ne pouvais même pas feindre la surprise.

Et puis, il y a eu cet appel et ce poids tout à coup envolé sur mes épaules. Cette idée rassurante que l’on peut être indépendante, entreprendre, et avoir un lieu à soi. Que je n’ai pas pris, il y a cinq ans, la trajectoire la plus simple mais que je me suis écoutée et que j’ai bien fait.

Alors, fin juin, je serai propriétaire et j’ai un sourire aux lèvres qui ne me quitte plus. Je serre ma chance d’avoir un banquier à l’écoute et qui s’est battu pour mon dossier. Je serre mon bonheur et j’ai hâte d’être le vingt-sept juin.

 


 
 
Quelques heures plus tard, j’ai pris la route. J’ai roulé des centaines de kilomètres en regardant vers l’horizon. Avant de partir, j’ai glissé un ciré jaune et une marinière dans la valise.

Un mois après le Portugal, j’ai repris la route dans l’autre sens : toujours l’océan, toujours les falaises, toujours le ciel changeant.

A dix-huit ans, un professeur m’avait confié que la véritable liberté, ce n’était pas d’avoir la majorité. Ce n’était pas un papier ou une histoire de date. C’était d’avoir la liberté d’aller où on le souhaitait, quand on le souhaitait et de la façon dont on le souhaitait. Il m’encourageait à être libre : à passer le permis, le baccalauréat, puis, à écouter mon intuition et à me construire une vie à mon image.

Souvent, quand je prends ma voiture et que je traverse la France ou l’Europe, j’y pense. Je suis dans ma petite voiture de rien du tout. J’ouvre les fenêtre, je monte le son et je vais où je veux. Je suis, je me sens, alors jamais aussi libre et à ma place que dans ces moments-là. J’oublie les dates, j’oublie les horaires et j’ouvre les yeux.

Douze ans plus tard, je sais qu’il avait raison.

 


 
 
Deux jours plus tard, j’arrivais au bout du monde, ou plutôt au bout de la France, en Normandie.

Je souris toujours quand je pense qu’aller à l’autre bout de la France en voiture est un peu comme aller au bout du monde en avion : la même fatigue, la même impatience, le même étonnement à l’arrivée.

A Etretat, je n’ai pas rencontré un ciel bleu. J’ai rencontré la magie de la brume, du bruit de la pluie sur la verrière et la mer déchainée. J’ai rencontré l’apaisement et la beauté du Donjon. J’ai ralenti brusquement. J’ai déposé les clefs de la voiture sur la commode de la chambre et je me suis promis du temps pour moi. J’ai fait le chat, avec le chat. Sans le chat. J’ai dormi. J’ai trinqué au crépuscule aux beaux jours et à ce projet à venir qui prend doucement forme et dont je vous parlais dans mon dernier article. J’ai rêvé, beaucoup.

Et j’ai pensé que cela ne pourrait pas être mieux qu’ici et maintenant.
 
 

 
 
 

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C'est promis

Vos commentaires
sont des petites douceurs
Mille mercis à vous

  1. Je suis très heureuse pour toi May ! Si ton bonheur est si agréable à lire c’est que tu sais tellement bien apprécier les belles choses qui se glissent sous tes pas, sur ton chemin. C’est beau de voir les gens savoir aimer le moment présent et pleinement vivre les émotions que la vie offre. Alors félicitations à toi pour cette étape ! Ton nid à toi est toulousain ? Bises du creux de mes montagnes.

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    • Merci beaucoup Claire ! Et oui, oui, il faut s’enthousiasmer et savourer les bonheurs que nous offrent la vie.
      Oui, c’est mon appartement actuel (luiiiii ==> https://viedemiettes.fr/2017/05/10/photographe-toulouse-lifestyle/), celui que je loue depuis cinq ans. Il y a cinq ans, quand j’ai emménagé, je me suis dit que je voulais que cela soit mon appartement pour la vie comme une promesse d’enfant. Comme ma propriétaire avait tout l’immeuble, cela restait un doux rêve.
      Et puis, elle a décidé de vendre chaque appartement séparément. J’ai dit que je le voulais sans trop y croire, en me disant que mon banquier allait rire et me dire de trouver un CDI (j’ai changé de statut et mon entreprise avait même pas un an…). Et puis, et puis, la magie de la vie et des planètes qui semblent tout à coup s’aligner. <3
      Tu étais venue d'ailleurs je crois. <3

      J'espère qu'on aura l'occasion de se croiser à nouveau même si tu es un peu plus loin (et moi aussi, qu'est-ce que j'aime te lire et te voir grandir).

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  2. jocelyne

    bravo, c’est une belle étape, il faut toujours y croire , c’est comme çà dans la vie, belle continuation à vous

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  3. Marie Kléber

    Il y a beaucoup de cette liberté en effet dans tes lignes May.
    Quelle belle nouvelle pour toi! La vie est pleine de ces moments d’attente dans lesquels on ne sait pas où, quand, comment, même si les choses vont se faire. On est en suspens.
    Et puis une fois qu’on sait on respire, on vibre, on savoure tout ce qui est.

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    • C’est tellement joli ce que tu écris Marie. Merci pour tes mots.
      Je suis sur un nuage depuis que je sais (et j’attends cette signature comme une enfant !).

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  4. Hey bonjour May et toutes mes félicitations pour cette merveilleuse nouvelle ! Ca fait au coeur d’avoir des nouvelles positives de temps-en-temps ! Bises

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  5. Encore un très beau texte! Je me reconnais beaucoup: bientôt la trentaine, un appart en cours d’achat, freelance depuis 2 ans et une récente rupture qui me donne envie de partir voir le monde à nouveau et regarder vers l’horizon! Bravo pour ces belles étapes de vie qui donnent envie d’avancer encore et toujours!

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    • Olalah, trop chouette ! Je trouve ça tellement important d’investir/capitaliser quand on est indépendants. C’est rassurant de savoir que l’on a notre espace à nous.
      Profite bien de ce bonheur-là.

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  6. Bravo May, quelle belle nouvelle, je suis très heureuse pour toi!!! En effet des personnes, sans le savoir, nous aident à trouver notre chemin grâce à leurs conseils et leur bienveillance (surtout me change pas de banquier!! ;) ). Je suis tellement d’accord avec ton prof, moi aussi c’est le jour où j’ai eu le permis que je me suis sentie vraiment libre, et comme toi j’en ai parcouru des kilomètres au volant de ma petite Twingo… Merci pour ce beau billet, et tu es la bienvenue à la maison quand tu as un peu de temps ;) Gros bisous en attendant!!

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    • Merci beaucoup. C’est une très jolie nouvelle. Cela semble tellement une montagne infranchissable d’investir dans l’immobilier quand on est indépendant. Je garde ma banquière précieusement.
      Et oui, quand tu veux pour un petit thé ! <3

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  7. Félicitations ! Une nouvelle très belle étape se profile à l’horizon !
    C’est vrai qu’Etretat a quelque chose de magique, sous le soleil comme sous la pluie, il fait partie des lieux qui dégagent quelque chose de spécial qu’il faut savoir goûter…

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    • Merci beaucoup Céline ! Oui, la Normandie est magique. J’ai toujours l’impression de faire un séjour en tête-à-tête avec la nature et c’est vivifiant et inspirant. <3

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  8. Ton article est magnifique, comme d’habitude j’ai envie de dire Tu me donnes envie d’avoir une voiture pour faire le tour du monde moi aussi

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et souriez, vous êtes fantastique

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