Une année entière

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A l’image des années précédentes (2010, 2011 et 2012, 2013, et 2014), je pose les émotions de 2015. En retard et avec le sourire.

 

A 2016, et cette urgence de vivre.

De 2015, je me souviendrai de la liberté. En lettres capitales et en rouge. De la liberté qui frappe, qui secoue, qui fait corps. De la liberté à même le corps comme une évidence. Je me souviendrai du sept janvier et des larmes sur les joues dans ce petit appartement à Luxembourg. Il faisait gris. Il faisait sombre. Il faisait un ciel de gens qui pleurent. Je me souviendrai de ce rassemblement spontané, à la bougie, dans cette capitale qui n’était pas la mienne et de m’être alors dit qu’on serait, ensemble, toujours plus fort. De cet espoir et de l’énergie trouvée ce soir-là auprès de ces inconnus.

De cette envie de continuer à vivre un peu plus fort un peu plus intensément malgré tout. De cette urgence de vivre. De ce sentiment, peut-être pour la toute première fois, de devoir se battre pour ses valeurs. D’accepter de se risquer et de continuer à vivre pour mille. Je me rappellerai de ce désir ancré en soi, en moi, de ce besoin plus fort que tout, de liberté.

De la hurler cette liberté-là envers et contre tout, contre tous. D’avoir la conviction que c’est de cette façon-là que je voulais vivre ma vie. Libre. Libre de créer, d’écrire, de voyager. Libre de mon corps de mon travail de mon temps. Libre d’aimer, de rire, de vivre.

 

 

Oiseaux en origami


 

Je me souviendrai des heures à travailler tard dans la nuit. Des projets qui font sens, et de ceux qui vous éclairent vous illuminent vous bousculent. Des projets qui prennent, jours après jours, forment. De ces projets bancals, de ces projets un peu fous, de ces projets qui finissent par prendre leur envol – et le notre avec eux. De ce besoin de créer, d’oser, d’apprendre. D’entreprendre aussi.

De cette nécessité, pour s’épanouir, de voir la vie en colorée et en majuscule. De s’émerveiller du quotidien. De croire en ses rêves et de se de donner les moyens de les réaliser. D’accepter le temps, les risques, et les écorchures nécessaires pour y arriver. De faire des compromis. De jongler. D’être en équilibre et de ne pas être pressée. De prendre le temps. Le saisir, le tordre. De la nécessité de sortir de sa zone de confort et ne pas écouter ses peurs. De sauter dans le vide et d’oser. Voilà, d’oser.

Et puis, les trois ans en freelance, la signature chez le comptable les mains tremblantes en mai. Nos noms accolés sur ce journal quelques semaines plus tard pour la première fois et cette envie de crier que l’on a créé notre petite entreprise à nous, notre entreprise à quatre mains qui nous ressemble et qui fait battre nos cœurs un peu plus forts. Sourire sourire sourire. Cette minuscule fierté de construire nos rêves ensemble depuis huit ans, de grandir à deux, de s’épanouir. De se porter pour aller de l’avant. De notre folie commune. De tisser une vie qui nous ressemble, qui n’est pas forcément folle belle grandiose mais qui est tellement nous et qui correspond à nos valeurs et à nos rêves.

 

 

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Les vols pour Luxembourg pour rejoindre Anthony le vendredi matin. Le visage contre le hublot et les yeux encore endormis. La fatigue qui colle au corps quand on se retrouve et le sourire qui ne nous quitte plus. Sur la banquette rouge, mon nez dans son cou et ses mains dans mes cheveux. Les croissants et les cafés partagés dans ce petit café, se raconter le temps séparé. Au loin, observer le soleil se lever avant de rejoindre le vieille ville.

Février et la Laponie belle belle belle. Blanche pure douce irréelle. Brute. La neige et le froid qui colorent les joues. Les mains qui grelottent et les lèvres mordues par le froid. Embrase-moi. Nos sept ans, ce lundi soir, sous la neige. Les aurores boréales la dernière nuit et nos yeux qui brillent brillent brillent alors. La randonnée en chiens de traineaux au milieu de la forêt enneigée et la nuit dans cet igloo entourés de silence. Dans les mains, le mug de jus de baie. Cette beauté qui emporte, glisse quelques frissons, avant de vous laisser sans voix.

Un peu plus tard, la découverte de Lyon et Nancy au printemps. Le place Stanislas, son art de vivre, ses belles villas. Doucement, apprivoiser l’Est de la France, et Luxembourg, qui semblent éclore aux beaux jours. Strasbourg, ses marchés de Noël, son architecture. La Rochelle et cette nuit incroyable coupée du monde au phare des baleines. Le lever de soleil de la haut et nos yeux écarquillés. Nos longues balades à vélo sur l’île et les glaces italiennes à la vanille dévorées au soleil. Mes vingt-sept ans soufflés dans ce restaurant étoilé quelques heures plus tard, et mes étoiles en écho dans mes yeux.

Le Maroc comme une deuxième maison. Chaleureuse, solaire, aimante. Marrakech, Essaouira, Agadir. Le soleil retrouvé quand les températures dégringolent encore ici. Les épaules nues et le sourire aux lèvres. Le bouillonnement à l’intérieur de la médina, l’apaisement dès la porte du Riad poussée et l’appel à la mosquée qui rythme les journées. Le ciel bleu, les palmiers, l’odeur de fleur d’oranger dans les ruelles. Les six aller-retour en douze mois et cette sensation à chaque fois d’y retrouver mon énergie. Au souk, acheter une bague en argent comme rappel de ces instants-là. Sur la grande place, commander un pastilla au poulet et un jus d’avocat aux fruits secs. Et puis, comme à chaque fois, le corps chauffé-frotté-massé et la peau caramel-sucrée apaisée à la sortie. Se laisser bercer, frictionner, secouer, materner.

 

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Début juillet, se retrouver à Toulouse. Les longues soirées d’été à refaire le monde autour d’un verre de vin et quelques tapas. A quatre mains, préparer des salades colorées et des desserts qui sentent bon les beaux jours. Poser les fleurs rouges oranges jaunes sur la table et se serrer l’un contre l’autre la nuit. Regarder des films en VO, se lire des histoires et observer au petit matin le soleil se lever. Les longues promenades à trois avec Holly en fin d’après-midi. Ses mains dans mes cheveux dans mon cou dans le bas de mon dos. Les petits déjeuners partagés sur la terrasse. Les expositions, les concerts, les pièces de théâtre. La petite vie, ensemble. La dolce vita, et le temps qui semble suspendu. Les vacances à Barcelone au milieu de l’été et l’appartement avec vue sur la mer.

L’automne, en apesanteur, entre Toulouse et Paris. Et ce plaisir de se retrouver en tête à soi. Apprivoiser, à nouveau, le silence et le quotidien avec Holly. Trouver notre rythme et nos marques à deux. Se retrouver à Paris, Marrakech, Lyon. Ce premier regard, toujours, après des nuits séparées qui glissent des papillons dans le ventre. Et, ce premier baiser sur la pointe des pieds à l’aéroport. Les couleurs des feuilles qui changent et les projets qui deviennent un peu plus grands. Les éditions de Saxe et son journal. La boutique d’Angélique et l’énergie folle d’Armelle. Le joli projet avec Marie et l’enthousiasme d’Amélie. La beauté pure de Victoire, les mots parfaits d’Emma. Idea traduction, Artilingua, The free me project, et tous les autres. Et les miens déposés dans un livre et le sentiment d’être une usurpatrice à apprivoiser.

Novembre et la gorge serrée. Les tremblement et l’incompréhension. Anthony dans un vol entre Paris et Toulouse. A l’aéroport, se serrer fort fort fort, se respirer. Ne pas parler. Le cœur serré, et l’envie de hurler. Se tenir droite malgré tout. Se verrouiller et sourire sourire sourire. Ne jamais oublier de sourire. Les larmes qui éclaboussent une fois rentrée à l’appartement et la fragilité à apprivoiser. Le regard, l’écoute, et son assurance comme rempart.  Et puis, savoir que la vie doit continuer malgré tout. Se consoler pour mille, ensemble.

 

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Tous ces avions pris et ces trains ratés. Les amis retrouvés enlacés serrés au bout du quai. Le cœur qui bat un peu plus fort à chaque fois et les à bientôt qui serrent le cœur. Cet équilibre fragile cherché exploré touché du doigts dans ces (en)vols. Dans ces fuites vers l’avant, vers la vie. Apprivoiser les présence et les absences. Se sentir vivante, en éveil, dans ces trajectoires-là. Dans ce mouvement, et les atterrissages.

Les belles rencontres. Celles qui font grandir, qui secouent, qui font sens. Celles qui éveillent. Qui, à travers l’autre, amène doucement à sa propre rencontre. Les rencontres évidentes. Les confidences tard dans la nuit autour d’un verre et se promettre de se revoir vite-vite-vite. La bienveillance, et la confiance partagées, qui mettent du baume au cœur.

Les bleus sur les genoux sur les jambes sur le ventre et la fatigue plus vraiment masquée qui colle au corps. La fragilité apprivoisée, doucement, jour après jour. Les nuits les yeux ouverts à se demander si l’on prend la bonne direction, si on ne le regrettera pas, si à l’intérieur c’est ce que l’on souhaite vraiment. Si c’est ça alors qui nous guide nous éclaire nous meut. Si c’est ce que l’on ferait s’il nous restait plus que neuf douze vingt-quatre mois à vivre. Si la réponse est oui, alors foncer. Fermer les yeux et respirer. Sentir son cœur battre un peu plus fort, ne pas réfléchir et sauter. Apprendre à se faire confiance, à s’écouter et à croire en soi. Trois oui pour un non.

Les heures à douter à ne pas dormir et à choisir le chemin qui me correspond le plus. Les choix et les doutes qui s’envolent et s’apaisent au fil des semaines. Les heures à courir, à s’écorcher, à perdre son souffle. A tordre le corps. Les solitudes et les belles rencontres. Les respirations. Le soleil sur la peau et le thé brûlant à la menthe. Les journées qui s’allongent et les cafés en terrasse. Les livres qui éveillent et que l’on referme un peu différente, un peu grandie, un peu sonnée. La poésie du quotidien. Et cette chance serrée, plus que tout.

 

Kidimo à Paris


Apprendre à s’aimer. Encore, et toujours. Petits pas après petits pas. Se faire confiance. Cette recherche de soi. De soie. Ralentir. L’accepter et lever, doucement, les yeux. Se regarder dans un miroir.  S’éveiller. Les mains sur le corps et le sourire aux lèvres, respirer. Accepter ses failles et ses contradictions. Accepter de faire des détours et de ne pas suivre de chemins tracés. S’accepter. Écouter son étoile. Ne pas tout réfléchir tout intellectualiser tout découper. Apprendre à se faire confiance. Accueillir, les yeux clos, son instinct.

S’écorcher et avoir parfois mal aussi. S’éloigner, se perdre, se retrouver. S’écouter. Ne pas savoir. Être à fleur de peau. A fleur de soi. Rire. Pleurer. Douter. Grandir. Écrire. Hurler. Créer. Éclore. Ne suivre ni logique ni de trajectoire. Accepter les choses telles qu’elles sont. Une séance photo, fin décembre, avec Ange. Son écoute, son professionnalisme et sa bienveillance. Le corps, et les émotions, mis à nu. Le corps qui tremble, qui fuit, qui parle. Le corps aimant. Et puis, les frissons. Et la petite lumière au bout du chemin qui s’éclaire.

 

 

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2015, une année à grandir à se secouer à s’émietter. A se disperser. Une année pour retrouver ses dix-sept ans, sa folie, et sa fragilité. Pour trembler et se faire peur. Pour l’inconscience et la légèreté. Pour jouer avec ses limites, pour s’apprendre. Une année pour se rappeler sa chance. Pour être égoïste et penser un peu plus à soi. Pour tordre le quotidien. Pour nous amener là où on ne l’attendait pas et se dire, que finalement, c’est bien aussi de cette façon-là.

2015 à l’insouciance retrouvée et à la fragilité doucement apprivoisée. 2016 à l’apaisement à la vie et aux découvertes.

 

Bonjour 2016 !

 

 

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C'est promis

Vos commentaires
sont des petites douceurs
Mille mercis à vous

  1. Dona

    Te lire, encore, encore et… Avoir envie d’oser un peu plus, de s’écouter davantage et d’enfin, enfin s’accepter. Et puis l’envie d’écrire, aussi, à mon tour. Se laisser porter par les mots, comme ils ont l’air de te porter, de te faire voler. Un jour peut-être, je me lancerai… Je prendrai le temps de poser mes émotions sur papier… Peut-être.
    Merci pour ce partage.

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    • Je crois que c’est la plus belle chose que l’on peut m’écrire, tu sais, Dona : me dire que je peux, peut-être, un tout petit peu inspirer, donner envie de croire un peu plus en soi ou de croire en ses rêves. C’est tellement important pour notre équilibre.
      Oh, et puis, cela me fait tellement du bien d’écrire, c’est un petit moment que je m’offre. Je ne peux que te le conseiller. <3
      A tout bientôt (et merci pour tes mots)

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    • Roh, merci petit Mulot.
      C’est moi qui te remercie pour tout. J’ai déjà tout hâte de te revoir. <3

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  2. Wouah.. C’est beau, tellement beau ! Belle rétrospective !
    Super article, je découvre ton blog et j’ai hâte de voir la suite !

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    • Merci beaucoup. Cela fait tout tout chaud au cœur. Merci merci merci.
      A tout bientôt, et bienvenue par ici alors ! <3

      Répondre
    • Coeur coeur coeur (tes commentaires me glissent toujours, toujours, un énorme sourire, tu sais). <3

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  3. Il n’est pas long, il est juste mignon et rempli d’instants magiques à image de ton 2015. En tout cas c’est un bel exercice de faire ces bilans, ça te permettra de revenir, plus tard, quand tu seras un peu peu vieille, avec une petite cane et les re-lire et sourire t’émouvoir et dire à ton Antho, « mais tu vois tout ce qu’on faisait-voyageait ! » :-P

    Bises et buen viaje !

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    • Oh tu es chou Margarida. Oui, oui, oui, mais quand on sera vieux, on aura encore plus le temps pour faire plein de choses (la fille qui compte jamais s’arrêter !).

      Je t’embrasse fort fort fort (et je pense encore plus fort à toi).

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  4. de l’émotion à fleur de mots , à fleur de peau .. où chacune se retrouve un peu au détour des phrases ..
    Bonne et belle route pour 2016 !

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    • Merci beaucoup Spica. Je te souhaite aussi une belle année (quoi, c’est fini en mars, on ne la souhaite plus ?) ! Zut zut zut !

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  5. Tes mots me touchent tant, tu as un vrai talent pour nous raconter les petits et grands moments de ta vie, les émotions. C’est beau, vrai, sincère. Cette note est une pépite, merci d’avoir décidé de la partager avec nous (et ne te bride pas, non, surtout pas et continue à écrire avec ton cœur tout ce que tu as envie d’écrire, sans trop réfléchir à si ça plaira).

    Répondre
    • Merci beaucoup Eleanor. Ton mot me touche et me fait plaisir. J’ai eu un peu de mal à l’écrire, et puis à le publier comme je le disais. J’ai toujours beaucoup de mal à écrire plus que cinq lignes et j’ai un peu l’impression de partir dans tous les sens (et peut-être aussi, et surtout, de rentrer dans le « trop » intime et de manquer de pudeur, c’est compliqué quand on sait que papamaman, mes copains, mes amis, mes clients me lisent, j’ai un peu l’impression de me mettre à nue, mais en même temps, c’est le but de ce blog, de partager le quotidien, et ce sont les articles qu me font le plus de « bien » et où les retours me touchent le plus).
      Alors, merci, merci, merci. Tu me rassures. <3

      Répondre
  6. Merci May pour ce magnifique post !
    Tes mots ont une douceur et une délicatesse qui fait du bien dans la blogosphère. Je prends le temps de me « poser » quand j’arrive sur ton blog. Merci pour cette parenthèse de quiétude.
    Allez je retourne au tourbillon de la vie ;)
    A bientôt!

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  7. Un peu de poésie en lisant cet article qui fait du bien et le temps de lire : se dire qu’il faut oser :)

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  8. Je me trompe, ou nous t’avons vue grandir cette année, t’épanouir (dans le sens de devenir toi)? En janvier, tes ailes étaient déjà là, mais encore repliées, j’ai l’impression que tu les as vraiment déployées au fil des mois. Et c’est un bonheur à regarder.

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  9. Manaelle

    Une écriture si belle… Qui résonne tellement en moi. Ton écriture pour me poser, me retrouver. Trouver sa route… faire les bons choix… tellement d’échos pour moi. Et si finalement, ce n’était pas le but qui compte, mais le chemin ?
    C’est la dernière phrase que j’ai écrite sur ton petit carnet gagné lors d’un concours que tu avais organisé sur ton blog :)

    Si jamais un jour tu passes vers Marseille, fait moi signe ! On t’accueillera avec plaisir les livres, le soleil, les chats, le cheval , les fleurs, le chérie et moi :)

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  10. carole64

    quel plaisir de te lire
    merci
    j’ai passé un trés bon moment et qu’elle belle leçon de vie tu nous donnes là!
    fan je suis et je reste

    Répondre
  11. Un bien joli bilan.
    Et de très belles photos.
    Je ne te suis pas depuis très longtemps mais c’est toujours avec plaisir que je retrouve tes mots, illustrés par de bien beaux voyages en photographie.
    2015 apparaît magique malgré ses drames, et 2016, très prometteur.
    Je te souhaite cette année tout aussi belle que celle passée.

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  12. texte superbe, ton style d’écriture coule de source, comme je te l’ai dis par e-mail hier, tes textes, posts , ont changé ma vision de la vie, je garde avec soins les semainiers et mensuels dans un classeur rose tout bien rangé ;)

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  13. val

    Je découvre ton site en cherchant un organiseur, finalement j’en trouve un, qui va m’aider au quotidien (deux filles, un chéri, un travail prenant ;) mais en plus il est trop BEAU ! J’adore ton blog :-)
    Je découvre ton blog et puis tes mots.. SUBLIME !

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