Vie de miettes,
Et puis le printemps est arrivé ce vendredi. Le soleil était là mais. Il n’y a plus d’appartement de rêve. Envolé, fini. J’ai hésité à venir l’écrire ici. L’écrire, c’est mettre un point final au rêve. Le point et la fin est là. Les suspensions se sont faites la malle. Le permis s’est brisé sous ma pression. A trop le vouloir, il m’abat. Mamie est à l’hôpital depuis deux semaines. Sa fille handicapée, qui ne peut pas restée seule, pose problème. Alors, c’est moi qui la garde toute la semaine. Je m’enferme sur moi même. Je passe mes journées à attendre. L’université est bloquée depuis des semaines, bientôt des mois. L’intellect se fait la malle lui aussi. La motivation disparait. Il y aussi les rares cours encore dispensés où je ne peux pas assister, parce que je dois la garder. La validation du semestre qui s’efface un peu plus après chaque journée de blocage. Les résultats du premier semestre que j’attends toujours. Le dossier Erasmus bloqué à l’université. Chaque jour qui passe est une chance en moins de partir. Je le sais et j’en tremble. Le désordre intérieur. Les cailloux au creux du ventre. La fatigue et le temps de rien. Les cauchemars la nuit. Ce sont des palpitions de désespoir qui me submergent, qui s’abattent sur mes joues. Je me roule sur moi-même. Je me creuse et m’écroule. Je crois que je peux dire que non. Cela ne va pas, cela ne va plus. J’ai essayé. J’ai fait pour le mieux. On m’a dit que la roue tourne, qu’après l’hiver viendrait le beau temps. C’était symbolique tout ça. Je n’y crois pas, je n’y crois plus. Je ne veux plus attendre. Le vase est plein. Il ne faut plus me secouer. Les larmes débordent sur la chair meurtrie. Sur l’espoir froissé, déchiré, troué. C’est un effondrement interne. Des miettes de rêves s’éparpillent sur le sol. La douleur dévaste tout. Alors, comme toujours, on nous dit que cela passera. Que rien n’est une fatalité et qu’il faut se battre. On écoute mais on n’entend pas. On est gentil, alors on va faire comme si, faire semblant, se forcer un peu pour les autres et s’oublier beaucoup pour nous. Allez, on montre ses dents. On se fuit., se gribouille. On sort, un peu. On prend l’air. On boit un verre. On va au cinéma. On trinque au vide de l’existence et à la vie entre parenthèses. Et la nuit au milieu du silence, on déborde à nouveau. Les poings se crispent sur les draps. On se sent plus seule que jamais et l’on se dit que cela passera comme toujours.
Demain, cela ira mieux.
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