Note du mercredi,


8 heures 43. Les révisions sont sur la table depuis sept heures du matin. Cela parle de référents, d’anadiplose et d’Anaxagore. J’ai relu mes fiches encore une fois. J’ai souligné encore un peu. J’ai écris, j’ai fais des dessins pour que cela soit plus joli et que cela rentre mieux. J’ai mis beaucoup de couleurs. Et encore fois, cela n’est resté qu’une poignée de minutes dans ma petite tête avant de s’envoler vers un ailleurs inconnu. J’ai rédigé l’introduction de la dissertation sur Mme de Sévigné, plus précisément sur l’authenticité dans la lettre, la liberté dans l’écriture. C’est une notion si vaste et si complexe que je ne sais pas vraiment par où commencer. Plus j’avance dans les études, plus mes introductions s’étirent à l’infini, bientôt jusqu’aux étoiles. Cela doit être normal de vouloir toucher le ciel avec les mots. Quand j’écris sur un sujet sérieux, j’ai toujours un tourbillon de jolis mots qui tournent dans la tête. Des mots futiles, des bidules d’étoiles. Des vocables en forme de nuages ou de vapeur d’amour. C’est comme si une pluie de plumes si douces si douces venait se cogner contre mon front. La semaine dernière, je lisais à voix haute les mots d’un ami de fac sur les valeurs essentielles de la vie. C’était joli comme un bonbon, un bonbon philosophique. Amoureux a trouvé cela aussi très bien écrit. Je me suis rendue compte que j’écrivais toujours des « petits riens » lorsqu’il s’agissait d’écriture plaisir. J’ai murmuré que je préférais écrire sur les pulls en cachemire, sur la notion d’arc-en-ciel et de barbapapa que sur la Liberté. L’arc-en-ciel est un univers à lui tout seul. Les grandes notions me font peur. J’aime écouter les personnes s’étendre dessus. J’aime lire Nietzche et Montaigne. Mais, je me sens toute petite, petite comme une coccinelle à coté du mot Liberté ou du mot Droit. Je me sens minuscule comme un grain de sable quand il s’agit de rédiger une dissertation. Les mots tremblent, se dérobent, se font la malle. Si j’ai atterri avec mes stylos multicolores et mes mots cabossés en lettres, puis en philosophie, c’était pour les apprivoiser, pour les rendre moins craintifs. J’avance sur la pointe des pieds dans le labyrinthe des études universitaires et mes mots restent écorchés et tremblants. J’apprends des mots savants, des mots pates à modeler, des mots de grands. J’apprends tous les jours un peu plus des grandes choses. Les plus belles idées de notre patrimoine, il parait. J’entre toujours un peu plus loin dans l’univers merveilleux de la langue française, dans le monde enchantée de la réflexion et de la sagesse. Mais pourtant, quand il s’agit de faire le bilan, quand il s’agit de regarder en face, j’ai parfois l’impression que rien n’a vraiment changé. Je porte toujours une telle admiration pour les mots que je voudrais en faire ma vie. Les miens, ceux que j’essaye d’apprivoiser reste toujours cabossés. J’ai les perles, une poignée de perles, mais le fil, le fil conducteur reste fin et ténu. Les sujets sérieux me semblent toujours trop sérieux pour mon petit être. J’écris le soleil, les nuages et les sourires. Les crèmes pour peau qui font belles et les jolis habits.

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