Du Nil, je me souviens de toutes les images floues que je pouvais avoir avant de de partir et de ce désir – comme toujours – de ne pas trop regarder, de ne pas trop écouter, de ne pas trop lire en amont ; pour conserver la magie et la spontanéité de la rencontre. Du pays, de la ville, du lieu. Pour préserver la surprise. Pour éviter, peut-être, parfois aussi, d’être déçue par mon imagination. Et, une fois arrivée, je me souviens avoir pensé que c’était encore plus joli encore plus apaisant encore plus majestueux, que ; tout ce que j’aurais pu imaginer.
Je ressens rarement cette sensation-là : cette cohérence complète entre les rêves de ma petite tête et la réalité. Alors, souvent, j’ajuste, j’arrondis les angles. J’ajoute un peu de lumière, ou à l’inverse, je tire les rideaux. Je regarde un peu plus vers la gauche ou vers la droite. Je ferme les yeux et je fais travailler mon imaginaire.
Je me souviens avoir ressenti ce sentiment de plénitude, cette harmonie, pour la toute première fois en Laponie au milieu d’une forêt de sapins enneigés. Il faisait moins trente degrés. Il y avait du blanc partout. Au sol, sur les sapins, sur les chiens qui nous portaient. Dans le ciel aussi. C’était naturel grandiose dingue. Sublime, voilà, c’était sublime.
Et puis, il y a eu ce premier réveil avec la vue sur le Nil à observer les paysages défilés sous mes yeux. Et ce drôle de sentiment qui m’a saisie, tout à coup, et qui m’a, à nouveau, serré le coeur.
Du Nil, je me rappelle du dernier vol pour rejoindre Luxor et de ce tout premier coucher de soleil au dessus des nuages. De ces fauteuils un peu plus larges, un peu plus confortables, que donnent droit la classe affaire et de nos sourires d’enfant à mesure que l’on approchait de notre destination.
Je me souviens de la vue par le hublot et des couleurs du ciel. De notre arrivée, et de l’enthousiasme qui se se lisait sur nos visages. De la toute, toute, première respiration à l’extérieur de l’avion et de l’air moite sur ma peau. Il était vingt-et-une heures, peut-être déjà vingt-deux. Je me souviens avoir pensé qu’il ne faisait finalement pas si chaud et d’avoir souri de cette chaleur enveloppante.
Et puis, il y a eu le minuscule trajet pour rejoindre l’hôtel et mon impatience de rencontrer l’Egypte. Nos valises accrochées cahin-caha sur le coffre et qui semblaient vouloir prendre la poudre d’escampette à chaque coin de rue.
Du van et des routes mal éclairées, je me souviens de la vue du Nil endormi et de l’élégance du Winter Palace. De nos regards de hiboux fatigués-secoués-émerveillés lorsqu’on est entrés dans le hall de l’hôtel. De la beauté. Voilà, de la beauté.
Tôt le matin, je me souviens des visites des temples pour profiter des quelques degrés en moins et du soleil, déjà là, déjà haut, dans le ciel. Du soleil qui s’éveillait avec nous, et qui semblait nous accompagner tout au long de la journée. De la luminosité égyptienne qui donne une couleur toute particulière aux photographies, de cette luminosité à apprivoiser.
Je me rappelle de la beauté de Karnak, d’Edfou et de Kôm Ombo. De la découverte de la vallée des Rois, des Reines et des Nobles. De la pyramide de Gizeh et de son Sphinx. De nos yeux écarquillés, de nos sourires et de nos tout petits pas ralentis pour essayer de ne rien oublier. Pour essayer de tout voir tout entendre tout ressentir.
Je me souviens de mon excitation lorsque j’ai vu au loin pour la toute première fois le Steam Ship Sudan. De son élégance d’un autre temps. Du petit groupe de musique et de danseurs qui nous attendait pour nous souhaiter la bienvenue à bord. De leur joie de vivre et de leur énergie à vous serrer le coeur. De la citronnade, du bouquet de fleurs tendu, et de la découverte quelques minutes plus tard de notre nid parfait pour les prochains jours.
Des longues après-midi sur le pont supérieur à observer les paysages défilés sous nos yeux comme on regarde un tableau. De mon regard face à cette beauté qui ne s’écrit pas. Du Nil bien sûr. Du Nil et de sa végétation incroyablement dense. Des pirogues et égyptiens croisés au fil de la navigation. Des montgolfières dans le ciel au réveil.
Du Nil, je me rappelle de nos mots qui disaient maladroitement la beauté et la chance d’être là ensemble. Des photographies que l’on prenait en se répétant que c’était quand même mille fois plus joli en vrai, mille fois plus intense à vivre que tout ce que l’on pourrait écrire dire photographier illustrer. Il y avait la vie, la beauté de la vie, qui vous prend au corps et vous secoue. Qui nous rappelle d’ouvrir les yeux et de profiter de chaque seconde.
Je me rappelle des siestes l’après-midi et de ce sentiment d’apaisement qui me berçait lorsque je me réveillais. Je me rappelle du vent sur la peau lorsqu’on grimpait sur le pont supérieur et du silence qui nous saisissait. Des fins d’après-midi et de cette ambiance particulière qui se glissait sur le Sudan à mesure que le soleil décliné. Du ciel tout à coup rose jaune orange. Et puis, du thé partagé avant le diner, avant que le bateau débarquait et s’endorme pour la nuit. Des repas partagés qui nous surprenaient, à chaque fois, par leur finesse et leur justesse. Des grillades avec cette vue incroyable avant d’arriver à Assouan.
Du Nil, et cette dernière escale pour rejoindre le temple de Philae.
Du bateau, le temple vide et silencieux qui apparait majestueusement à l’horizon.
D’ici, se sentir privilégiés, d’avoir cette merveille juste pour nous. Ecouter le silence, s’imprégner des lieux, photographier. Observer. Sourire, sourire, sourire.
Et puis, et le coeur serré ; se souvenir que les égyptiens ont plus que jamais besoin de nous et que l’on serait bien d’accord pour troquer ce silence imposant contre quelques touristes. Qu’on veut bien se bousculer, parler un peu fort et avoir dix personnes sur notre photographie. Que ce n’est pas important tout ça. Que la vallée du Nil est drôlement magique et belle. Que l’on s’est sentis accueillis, attendus, bienvenus tout le long de notre séjour et, tout autant en sécurité qu’en France.
Du Nil, enfin, je me souviendrai de la dernière visite d’une ville, d’une ruine, d’un désert ; certains soirs. De la beauté des pierres à la lumière du coucher de soleil, et d’être restée là, sans bouger, jusqu’à ce que la nuit éteigne doucement le paysage.
Des sourires des égyptiens croisés et des regards plein de vie des enfants. Des petites échoppes et des vendeurs près à vous offrir leur monde pour un regard. Du narguilé à la pomme et du thé à la menthe que l’on prolonge encore un peu pour ne pas s’endormir trop tôt.
Des anecdotes de Khaled, notre guide parfait durant le séjour. Des sourires et de la bonne humeur de chaque employé à bord du Sudan, de leur joie de vivre. De notre petit groupe parfait. Des mots et du regard émus du directeur du bateau lors de notre départ.
Je me souviendrai, je crois toujours, du bonheur, et de la chance incroyable, d’avoir réalisé ma toute première croisière avec Voyageurs du monde et dans ces conditions-là. Je me souviendrai comme je suis rentrée un peu plus légère et grandie. Emerveillée. Comme l’Egypte m’a bousculée et transformée. Comme elle m’a remplie de beauté de couleurs de rire. Comme l’Egypte est lumineuse solaire majestueuse.
De l’Egypte, et peut-être un peu plus qu’ailleurs, je conserverai ses atmosphères, ses atmosphères qui vous collent des frissons et vous rappellent comme la vie, comme le monde, est beau quand on prend le temps de le regarder.
Tu sais toujours trouver de si jolis mots May, j’ai l’impression de me souvenir moi aussi de l’Égypte grâce à toi… Et tes photos sont si belles ♡
Oh, merci, merci, merci la jolie. Les articles voyages sont toujours un peu compliqués à écrire (plus le voyage est parfait, plus cela me semble dur d’écrire la beauté des lieux). Du coup, ton petit mot me fait tout plaisir. :-)
Superbe! Tes photos comme tes mots me donnent envie d’embarquer illico, moi qui ne connais pas encore l’Egypte… ;)
Le Nil est complètement dingue. Je te le conseille plutôt mille fois qu’une.
Merci beaucoup et un doux week-end ! <3
OOOh, j’aime beaucoup et c’est une destination que j’ai en tête depuis un moment déjà. Ton article me conforte, j’ai hate de commencer à le préparer. Merci May et milles bises.
C’est une destination complètement magique et dépaysante (et pas SI loin de la France finalement). Tu me raconteras, dis ? :-)
Bien entendu ;-)
Je n’y suis jamais allée mais tu le décris si bien que j’ai l’impression d’y être. Tes mots May <3
Oh merci beaucoup Lolli. Les articles voyages me donnent toujours un peu de mal. Et plus le voyage est beau, plus les mots essaient de rester à l’intérieur. Alors, ton commentaire fait tout chaud au coeur. <3
Je suis allée en Egypte il y a 16 ans et je n’ai pas fait de visites car j’y allais pour plonger en mer rouge. Mais je garde un joli souvenir et des sensations semblables aux tiennes…
Oh, tu m’étonnes ! Je ne savais même pas que tu faisais de la plongée. Cela doit être complètement dingue comme sensations !
Tes mots, tes photos… On sent presque tes frissons des grandiose en te lisant. J’ai déjà dévoré le récit sur le blog de Tippy, et vraiment, ça avait l’air d’être le plus beau des voyages.
Oh ! <3
Oui, c'était un voyage un peu incroyable. La vallée du Nil est superbe, le bateau aussi, et j'étais entourée de mon amoureux et de personnes un peu trop chouettes, drôles et talentueuses. Du coup, forcement, forcement. BOUM. <3
C’est si doux <3 Que de beaux souvenirs si bien racontés… Merci pour ce petit retour en arrière ;)
Et merci pour ton mot qui fait tout tout chaud au coeur : )
C’est une destination enchanteresse, je trouve que tu as été courageuse d’y aller en cette période trouble, et je trouve encore mieux que tu nous dises que jamais tu ne t’es sentie en insécurité … ou du moins, pas moins qu’ailleurs. Merci pour ces belles photos et ces jolis mots !
<3<3<3
J’ai eu beaucoup de mal à suivre votre voyage, j’ai trouvé tout ça un peu redondant puisque je vous suis tous sur les réseaux sociaux, et puis aussi il donnait une impression un peu trop importante de luxe (même si ce n’est pas forcément le cas, j’en ai parlé avec Laëtitia sur Twitter)… Je viens quand même de finir un livre sur l’Egypte et je n’ai pas retrouvé cette envie que j’avais de gamine mais l’aura de mystère qui entoure les découvertes des pyramides m’intriguent. Du coup, je me replonge à petite dose dans ce voyage pour essayer de me faire une idée de ce que ça peut être :)
Tes photos et tes mots en tout cas sont toujours aussi jolis!
Merci pour beau partage <3
Merci pour tes articles qui me font voyager, tant grâce aux mots que tu sais si bien choisir, que grâce à ces photos si lumineuses <3 C'est toujours un plaisir de te lire, surtout quand il est question de voyage et de ce beau pays qui me fait rêver :)