Ce sont des vers gravés en moi, qui résonnent comme une évidence. Ces guirlandes de mots et de sonorités sont des étincelles de littérature. Ils m’émerveillent, me révèlent. Ils palpitent au plus profond de moi. Je les connais par coeur, me les sussure parfois. Et vous savez, quand j’ai vu ce garçon qui avait tatoué ce vers-là, à l’intérieur de son bras, j’ai souri. J’ai ressenti comme une alchimie. C’est si rare de savoir qu’une personne est sensible exactement aux mêmes vers , aux mêmes mots d’un auteur alors qu’il en a écrit des miliers. Le soir, autours de verres de vin, nous évoquions enfin Char et la poésie. Notre discussion a fini tard dans la nuit. Je ne sais pas si c’était l’effervescence de la nuit, du vin, ou cette discussion avec l’inconnu, mais je me suis sentie si vivante cette nuit-là.

J’écrivais des silences, des nuits, je notais l’inexprimable.
Je fixais des vertiges.
Rimbaud

les premiers jours de vacances se ressemblent chaque année. Je fais des projets. Je gribouille les choses à faire. Je fais des listes. Je sors, beaucoup. J’essaye de rattraper le temps perdu. Je m’accroche au wagon de la vie. Je l’écris, la décris parfois. J’ouvre les fenêtres et je tire les rideaux. L’air sur ma peau est une caresse. Enfiler une robe et marcher pieds nus. La musique berce mes journées d’une douceur infinie. Il y a le temps devant moi, face à moi. Il ne demande qu’à être attrapé, tordue comme de la pâte à modeler. Au fil des envies, mes journées s’esquissent. Le temps de prendre soin de soi et des autres, le temps de faire plaisir, le temps de rire autours d’un verre. J’aime regarder le temps qui passe,assise à la terrasse d’un café. J’aime raconter des choses simples, des petits riens. Refaire le monde au milieu de la nuit. Se promettre l’impossible les yeux mi-clôts. Flâner dans les boutiques et ressortir avec beaucoup trop de poches. Parader avec mes nouveaux achats, l’entendre me dire que je suis si jolie. Avoir les yeux qui pétillent. Un feu d’artifice de sentiments. Se lover dans ses bras et regarder un film. qui finira au milieu de la nuit. Cuisiner des bons petits plats et les partager. Sortir, danser, et dormir beaucoup trop sans avoir à penser à ce que j’aurais à faire le lendemain. Les vacances, c’est le temps des choses faciles, et si agréables. C’est la dolce vita, le temps d’épiloguer sans fin.