Le Donjon, Etretat


 

Il se passe toujours quelque chose de particulier lorsque je dors, quelques jours, dans une maison d’hôtes ou un hôtel.

A l’arrivée, je suis toujours un peu impressionnée. J’ouvre les yeux. J’observe. Je ressens les espaces, les bruits, les matières. Je cherche ma place dans cet espace inconnu et j’essaie de comprendre la petite vie dans cet ailleurs. Son fonctionnement interne, ses codes implicites. Je tâtonne et je me fabrique des repères éphémères.

On est arrivés en début d’après-midi au Donjon. La veille, on s’était arrêtés dormir à l’Ile de Ré. On avait eu un temps incroyable et cela sentait bon les vacances. On avait mangé des huitres face au front de mer en imaginant les couleurs de la Normandie en juin. Quelques heures plus tard, on ouvrait les yeux pressés de découvrir Etretat. Sur la route, le jour se levait et je serrais fort ma chance de vivre ces instants-là.

Alors, durant plus de six heures, on a observé les couleurs du ciel au fil des kilomètres et des heures. On a croisé les champs à perte de vue, la mer et, entre deux averses, le soleil. On a fait un détour pour déjeuner à Honfleur et quand on a découvert le chemin, en début d’après midi, pour arriver jusqu’au Domaine Saint-Clair, on avait l’impression d’être au bout du monde. Perché sur les hauteurs d’Etretat, on découvrait notre nid normand pour les jours à venir.

Ce jour-là, on est restés au domaine et on a apprivoisé doucement le lieu. On a ouvert les yeux, dormi, lu, savouré un cocktail face à la cheminée, diné, dormi à nouveau. On a ralenti et on s’est laissé bercer par la douceur du Donjon.

 

 


 

Et puis, il y a cette première nuit qui transforme brutalement l’expérience. La première nuit où l’on découvre la douceur des draps, l’obscurité et la musicalité de la chambre. Où j’ai dormi, comme souvent, un peu mieux qu’à la maison sans me réveiller une seule fois.

Au réveil, il y avait la fenêtre, perchée sur les falaises, qui relie la chambre vers l’extérieur. Qui rappelle, brusquement, que oui, sa maison à soi est un peu loin et que le dépaysement est vivifiant.

Et puis, sans trop réfléchir, j’ai enfilé un short pour descendre prendre le petit déjeuner. Les pieds-nus, les cheveux emmêlés et les joues encore froissées par le des draps de la nuit : tout à coup, l’hôtel est devenu la maison. On est rentrés dans l’intime. On a mangé avec les doigts un croissant en sirotant un chocolat chaud. On a oublié les codes.

On était un peu chez nous dans cet ailleurs.

 

 

 

 

Informations pratiques

 

 

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Vos commentaires
sont des petites douceurs
Mille mercis à vous

  1. coco

    Adresse notée, merci !
    Juste pour info : ta phrase « on s’était levés au crépuscule » est assez amusante ;) Surtout que le jour se lève dans les mots suivants. La fatigue du voyage, sans aucun doute ! :D

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