Santiago, Chili


« Il est sept heures du matin ici. Le soleil se lève doucement. Je regarde le ciel s’éveiller. J’écoute Max Ritcher et je serre ma chance de vivre ce moment-là.

Les garçons viennent de partir pour l’Argentine. Je vois encore leurs yeux pétiller en me racontant ce premier voyage en moto au Chili et les paysages défiler sous leurs yeux. J’avais mis le réveil pour leur dire un dernier au revoir, les serrer dans mes bras et se promettre, une dernière fois, que l’on se reverrait, bien sûr, oui bien sûr, vite. Que l’on se raconterait nos voyages et que l’on trinquerait au Chili. En Argentine, en France ou ailleurs.

Quand j’étais en Erasmus, je me souviens avoir été frappée par cette facilité à tisser des liens. Par cette nécessité à se créer une famille temporaire, à trouver des nouveaux repères et à oublier ses peurs et ses appréhensions face à l’inconnu.
Quand on perd ses marques et qu’importe que l’on soit réservé ; on retrouve toujours un équilibre plus vite que l’on l’aurait imaginé. Et tout à coup, on se rend compte que l’on est fort et que l’inconnu fait moins peur quand on s’approche.

On s’ouvre. On apprend à écouter son intuition. On met entre parenthèses sa réserve naturelle. On parle, on raconte, on se confie. On lève les yeux. On transmets un peu de notre pays. On apprend. On cuisine, on raconte des anecdotes, on montre des images. On oublie la peur. On est fragiles, authentiques et sincères. On est dans le partage. On s’accroche et on se tient la main.

Je crois d’ailleurs, que c’est, à ce moment-là, que je suis tombée amoureuse des voyages. »

 


 

J’ai écrit ces quelques mots à Santiago quelques jours avant de rentrer en France. A mon retour, le temps et les urgences m’ont à nouveau rattrapés. J’ai pensé, chaque jour, à écrire les derniers mots de ce voyage au Chili. Et pourtant, j’ai repoussé. Je ne me sentais pas encore prête à écrire ce point final. J’avais besoin de laisser infuser les émotions. De les laisser vivre, encore un peu, au creux de moi.

Il aura fallu, finalement, un nouveau vol et la douceur de Tenerife pour ouvrir à nouveau, et une dernière fois, ce carnet chilien. Le Chili est le voyage qui m’a le plus bousculée. Je suis rentrée en France émerveillée, éreintée et secouée. J’avais des questions au creux du ventre. C’est la première fois que je partais aussi loin et autant de temps seule. C’est la première fois et tout s’est bien passé.

C’était aussi la première fois où j’allais en Amérique Latine. Je suis partie avec un imaginaire d’enfant sans savoir ce qui m’attendait de l’autre coté de l’océan. Je me suis envolée avec des dizaines d’étoiles dans les yeux et l’impatience des premières fois. Au Chili, je suis sortie de ma zone de confort. J’ai élargi ma carte du monde mentale. J’ai assisté aux fêtes nationales. J’ai eu, parfois aussi, un peu peur. Dans les rues mal éclairées, à la nuit tombée. Dans le centre-ville, en journée, lorsque les hoteliers et les serveurs me répétaient sans cesse de faire attention à mes affaires, de les rapprocher de moi, de bien fermer mon sac, de laisser mon passeport à l’hôtel et de ne pas aller dans ce quartier-là seule.

 


J’ai compris que tout finalement se passerait bien, que cela ne pouvait que bien se passer. Que je n’avais pas envie ni en France ni ailleurs de laisser la peur contrôler mon quotidien. Et que si cela ne se passait finalement pas comme prévu, et bien, j’improviserai.

Alors, j’ai pris confiance doucement en moi et aux autres. Sans provoquer le danger, je me suis libérée de mes peurs. Je me suis ouverte. J’ai échangé, partagé, rencontré. J’ai fait confiance en l’inconnu. J’ai tâtonné pour trouver l’équilibre entre mon travail et la découverte du pays. Entre l’inconnu et le connu.

J’ai dépassé, doucement, mes limites et mes peurs. J’ai réservé un vol long courrier la veille pour le désert sans vraiment savoir ni ce que j’allais faire ni comment j’allais le faire. J’ai marché la nuit dans Santiago, Valparaiso, Atacama. J’ai ouvert les yeux. Je suis allée, pour la première fois, au restaurant seule sans rougir, sans penser que le monde allait arrêter de tourner. J’ai laissé le plan et mes craintes à l’hôtel et j’ai écouté mon intuition.

Petit pas après petit pas, j’apprends à voyager avec moi-même.

 

 

 

 

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C'est promis

Vos commentaires
sont des petites douceurs
Mille mercis à vous

  1. Maeva

    C’est peut-être un peu stupide mais chaque fois tes mots m’émeuvent…J’aime cette douceur qui se dégage et cette émotion que je ressens en te lisant…Alors merci de me faire rêver à ce point

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    • Je ne sais pas si c’est stupide. Mais si ça l’est, je dois l’être aussi un peu, parce que j’ai un grand sourire et des petites étoiles dans le ventre à lire ton commentaire.
      Merci, merci, merci. <3

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  2. Bonjour, mon ressenti est le même que celui de Maeva. Merci parce que vos mots, votre graphisme … font du bien. Vous donnez envie d’ouvrir le champ des possibles ;)

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    • Merci Fabienne. <3
      C'est dingue de se dire que je peux apporter un petit quelque chose de positif. Je crois que c'est la plus belle chose que l'on puisse me dire ou m'écrire.

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  3. C’est très beau May, et puis ça donne tellement de courage de lire tes mots. Je rêve depuis longtemps de trouver le courage de voyager seule dans un pays lointain (ou même proche, juste seule, quelque part). Je ne saurais pas dire pourquoi cela fait aussi peur de partir seule, mais je pense que cela doit faire tellement de bien. Alors, en attendant de trouver à mon tour le courage et l’occasion de partir à la découverte d’un nouvel endroit toute seule, je savoure tes mots et je suis tellement contente que ton blog existe, et d’avoir l’occasion de lire tes jolis mots ♥. A bientôt, May !

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    • Je crois qu’il faut se faire confiance et se dire que cela viendra quand cela sera le moment. Cela ne sert de se presser ou de se l’imposer si la peur est encore un peu trop grande. Cela m’a longtemps tétanisée d’être seule. Dans mon éducation, on fait tout à plusieurs. La première fois où je suis allée au cinéma seule, j’avais l’impression de faire une folie et que tout le monde allait me regarder. Alors, qu’en vrai, tout le monde s’en fiche que je sois seule ou accompagnée. Et puis, j’ai appris à apprécier des cafés au soleil seule, des voyages, et au Chili (pour la première fois !) d’aller au restaurant. Et chaque fois, une fois que je l’ai fait, je me dis que ce n’était pas si difficile et que cela fait du bien de passer du temps avec soi-même.
      Il faut y aller doucement. Petit pas après petit pas.
      Je t’embrasse bien fort <3
      Des bises !

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  4. Ohlalala je suis tellement heureuse de retrouver tes mots <3
    Pour la première fois depuis des mois, je me pose enfin devant mon ordinateur pour ouvrir uniquement ton blog et lire tes douces paroles… Déjà parce que j'aimerai partir au Chili l'année prochaine (ou en tout cas en Amérique du sud) mais aussi parce que je ne suis plus tellement sur les internet et je me rends compte que tu me manques, quand même. Tout virtuelle que soit ta présence.

    <3

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    • Et moi, ton commentaire me glisse forcement un immense sourire (et je me dis que j’ai une chance folle !). Merci beaucoup d’avoir pris le temps de l’écrire et je te souhaite un joli voyage en Amérique du Sud. J’ai déjà envie d’y retourner (je rêve du Pérou).
      A très vite, hein. <3

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  5. C’est fou à chaque fois que je te lis, j’ai l’impression de voyager avec toi. Ta manière d’écrire, de raconter me fait toujours autant rêver :)

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  6. Zobie

    Dans une période où je me questionne sur le sens de la vie et la direction à prendre, lire ce blog où tous les mots semblent si justes et précis est tellement rassurant ! Ca rassure et repose, comme écouter une musique douce qui fait ronronner le cœur. Merci !

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